La belle Cévenole

Marie-Claude Gay est une romancière qu'on ne présente plus. Elle a cette faculté de nous emmener avec la même aisance et le même talent aussi bien au bout du monde que dans les couloirs du temps. Elle a choisi pour cadre de son dernier roman La Belle Cénévole les Cévennes du début du XVIIIe siècle alors que les Dragons du roi persécutaient les Camisards afin de leur faire abjurer leur foi huguenote. C'est dans une course poursuite effrénée que l'auteure nous entraîne au côté de la belle Clémence, contrainte de fuir pour échapper à la mort. Elle doit rallier La Rochelle retrouver son jumeau avec lequel elle compte gagner l'Angleterre. Auparavant, il lui faudra traverser une partie du pays, échapper aux gens d'armes et, au fil de ses rencontres, bonnes ou mauvaises, se faire oublier en se fondant parmi les catholiques. Après bien des aventures, Clémence embarque sur les flots déchaînés d'une mer qui rejettera son corps plus mort que vif au large d'Ouessant. Elle ne renoncera jamais et n'aura de cesse de retrouver les siens, sa mère et son oncle partis se réfugier en Suisse et son frère qui continue la lutte pour venger leur père.
Au-delà d'une histoire où l'on retient son souffle page après page au coté d'une héroïne attachante, courageuse et volontaire, l'auteure soulève une question récurrente sur la liberté du culte. Une question à laquelle elle répond en réconciliant tous les protagonistes autour de la tolérance et de l'amour.
Ce roman, magnifiquement écrit et documenté, nous livre en plus du destin d'une belle héroïne, tout un pan de l'histoire de ces guerres civiles où catholiques et protestants se sont livrés une lutte sans merci et des sévices au nom d'un roi et d'une religion. Ajoutons les descriptions des paysages tant cévenols que bretons, sublimés par la plume de Marie-Claude Gay qui font de ce roman un grand moment de lecture.