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Critique de Tancrede50



Ecrivain, biologiste, journaliste et lanceuse d'alerte, Sissel-Jo Gazan est tout à la fois. Écrit en 2013, après le H1N1, ce livre prophétique mettant en lumière les conflits d'intérêt à propos d'un vaccin est aujourd'hui d'une brûlante actualité. On entre vite dans le vif du sujet. Concernant le vaccin DTP, recommandé par l'OMS, le professeur Storm de l'institut de biologie de Copenhague écrit: « Il n'est pas concevable de subitement considérer les campagnes de vaccination à l'échelle de populations entières comme un jeu de roulette russe. Il faut que nous soyons certains que ces vaccinations sont le bon choix. » Quelques années après, le professeur est retrouvé mort, pendu dans son bureau du département d'immunologie. Il a laissé une lettre d'adieux. le suicide ne fait aucun doute. Mais Soren, devenu superintendant adjoint à la police criminelle, est perplexe: et si c'était un meurtre maquillé en suicide? Surtout que le dossier, résultat de plusieurs années de recherche sur le vaccin DTP, a disparu du bureau de Storm.


On retrouve dans ce roman, tellement de faits que l'on vit aujourd'hui que c'en est troublant. Pour commencer, les intérêts parfois divergents entre sociétés pharmaceutiques et chercheurs en institut de recherche. Et puis la question de l'indépendance de l'OMS vis à vis de l'industrie pharmaceutique. Ce qui entraîne pêle-mêle: des décisions non scientifiques de la part de l'OMS, une censure par une revue scientifique d'un article jugé polémique, des résultats d'études trafiqués, une enquête pour fraude scientifique concernant un rapport mettant en cause le vaccin DTP et même une corruption caractérisée active. Mais qui est derrière tout ça? « Quelqu'un qui a un intérêt financier à saboter nos recherches qu'importe le nombre de morts » dit Storm à Marie, une de ses étudiantes, celle qui a rédigé le rapport litigieux. La vie de Marie n'est pas simple. Son père est alcoolique, sa mère est malade. Elle même a développé un cancer et subit une difficile chimiothérapie. Enfin son mari veut divorcer. C'est donc une Marie diminuée et perturbée qui apprend la mort de son directeur de thèse, et essaye dès lors de rédiger à sa place l'article concernant les résultats des recherches qu'il avait entreprises.


L'auteure entremêle avec habileté trois histoires en fait plus intimement liées entre elles qu'il n'y paraît à première vue. D'abord une intrigue policière, il y a des morts, des enquêtes. Parle-t-on d'accidents, de suicides ou de meurtres? Ensuite il y a ces études scientifiques sur la sécurité d'un vaccin. le résultat de ces études dans des pays différents semblent concorder et surtout déranger certains. Enfin il y a la vie personnelle de Marie, la chercheuse, et de Soren, le policier, dont les péripéties constituent une pièce essentielle de l'intrigue. Tout ça est très bien construit. Et l'on pardonnera à l'auteur quelques longueurs, en considérant plus important la force qui se dégage du récit. le choc qu'on éprouve à la lecture de ce roman est bien sûr beaucoup plus grand aujourd'hui qu'à la date de sa publication.
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