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Critique de Patmarob


Dans « sous les pavés la jungle », Simone Gélin présente un roman aux problématiques résolument contemporaines.
Le personnage principal, Milo, 19 ans, est envoyé en prison ; sa naïveté et de mauvaises fréquentations l'ont poussé à des erreurs. Le séjour en milieu carcéral l'oblige à adopter rapidement un comportement de survie. Milo y rencontre Kévin, un jeune délinquant tétanisé par la violence de ses codétenus et la dureté des conditions de vie en prison. La première partie apparaît la plus réussie. L'intérêt du lecteur est pris dans la nasse carcélaire, et suit les réactions de Milo et de Kévin dans un milieu brutal et hostile. L'amitié des deux jeunes se poursuit après la prison. Milo veut retrouver une vie normale et ne plus connaître la prison. Sa soeur Sophie l'épaule, leur préoccupation se tourne vers leur mère enfermée dans un hôpital psychiatrique. Ils découvrent le journal de leur grand-mère, Léa, et cherchent à percer le secret de son passé et la folie de leur mère. Kévin tombe dans la délinquance. La « jungle de Calais », le bidonville des migrants, favorise les trafics en tous genres. Milou le retrouve, et prend conscience de l'impasse dans laquelle est enfermé son ami. Lors d'une fête organisée par des passeurs, il permet à une migrante, Mounia, de s'enfuir d'un piège qui mène des êtres humains à la prostitution. Le démantèlement du bidonville attire Sophie, photoreporter. Milo la guide, retrouve la maison où sont regroupées les femmes et libère Mounia.
Les péripéties mènent les protagonistes à Bordeaux, au Cap Ferret où ils retrouvent leur grand-père. Son décès les fixe sur les plages atlantiques. Kévin, poursuivi par la mafia albanaise, trouve refuge chez Milo. Les actions rebondissent … .La fin n'épargne pas les personnages, elle dévoile le mystère familial.
Le roman n'est pas un polar. L'enquête de Milo sur le passé maternel n'est pas la trame du livre. Elle resurgit comme élément de référence du déroulement romanesque. L'auteur retrace le passé militant de leur grand-mère Léa, pendant mai 68. Cinquantenaire oblige … le rappel de l'ambiance, des slogans permettent de saisir la personnalité de Léa. Mais c'est l'actualité qui s'impose : les prisons et la justice, la jungle de Calais, les problèmes migratoires… jusqu'aux affaires dénoncées aux dernières élections présidentielles… enracinent le roman dans les sujets de préoccupation actuels. Les fils de l'histoire et les espaces géographiques sont nombreux (trop ? car quelques péripéties manquent de crédibilité).
L'écriture apparaît fluide. Les phrases sont souvent courtes et invitent le lecteur à une représentation cinématographique. Quelques descriptions d'ambiances, de paysages sont travaillées (parfois sur-écrites ?) et rompent avec la rudesse des évènements. Les personnages restent attachants, leurs réactions sont empruntes d'humanisme et non dénuées de sentiments. le regard de l'auteur sur l'époque contemporaine est d'une froide lucidité, les parcours de Milo, Kévin, Mounia .. illustrent la brutalité des temps actuels.
Le roman est dense, marqué par des rythmes inégaux dans son déroulement. L'intérêt à la lecture est tenu par l'épaisseur des personnages, animés par l'énergie de la jeunesse mais happés par leur histoire et leurs choix.
Merci à Babelio pour l' « opération Masse Critique » et aux Editions CAIRN qui présentent dans sa collection « du noir au Sud » des polars qui ont pour cadre le Sud.

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