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Critique de Soleney


Garance est une planète comme tant d'autres. Elle abrite la vie en son sein et, bien que sa biosphère ne soit pas comestible, elle est compatible avec l'humanité. C'est pour cette raison qu'une colonie avide de richesses s'installe et puise dans ses ressources… Sans savoir qu'une entité intelligente y vit déjà.

Cette lecture ne s'est pas déroulée comme je m'y attendais. Au lieu de ne suivre qu'un seul protagoniste (Japhet) qu'on verrait comprendre de l'importance de Garance et des Pilas, c'est une demi-douzaine de personnages qui, leurs agissements cumulés, font prendre une certaine direction à la colonie.
L'histoire n'est pas linéaire. Chaque chapitre conduit à une ellipse de plusieurs décennies, permettant de voir l'évolution de Villevangk depuis le stade de site alpha à celui de colonie légère, puis colonie lourde, puis déclinopole. Les personnages principaux ne sont que les héros d'un jour, et on ne constate l'évolution de la colonie qu'à travers des instantanés – puisqu'à l'exception de Japhet, on ne suit les protagonistes que quelques jours.

J'ai trouvé cette lecture originale et rafraichissante, mais j'ai eu un peu de mal à y entrer – ainsi qu'à y rester. Le ton est contemplatif, un peu mou pour moi. Par ailleurs, je suis une plus grande adepte de fantasy-fantastique que de science-fiction pour la simple et bonne raison que les machines et leur fonctionnement me dépasse et que mon petit cerveau a encore du mal à comprendre les lois de notre univers – et une littérature qui s'amuse à dépasser les connaissances qu'on en a va forcément aborder le sujet…

Toutefois, j'ai particulièrement apprécié les thèmes que Laurent Genefort évoque. Il souligne l'opposition nature/culture de manière presque caricaturale : aucune plante locale n'est tolérée dans Villevangk, des machines titanesques et monstrueuses avalent des arbres toute la journée pour faire gagner du terrain aux hommes, qui sont excessivement et inutilement cruels envers les Pilas. Un peu comme pour dire : « c'est-qui-le-patron ? ». Les quelques vues spatiales de Garance désignent Villevangk comme un bouton sur la figure planétaire. Le territoire humain et celui de la nature sont parfaitement délimités ; ce sont deux forces luttent constamment. L'humanité est même mise en contraste avec les Pilas, qui vivent AVEC leur environnement et non contre lui. Ces poulpes miniatures sont pacifiques et curieux et subissent des maltraitances gratuites de la part des hommes.
Mais le point le plus intéressant est, selon moi, la religion. L'auteur la montre comme étant aussi fragile qu'un mouvement artistique : trois ou quatre d'entre elles – toutes dérivées du christianisme – apparaissent dans le roman à divers périodes. Elles possèdent leurs gourous et leurs adeptes et ressemblent plus à nos sectes qu'à nos monothéismes. À chaque fois, ça finit mal : soit les membres réalisent que ce qu'ils croient n'est qu'un mensonge ou une erreur, soit les prêtres s'enfuient avec l'argent des contribuables, soit le mouvement s'essouffle et s'éteint.
Nous sommes harponnés par cette thématique dès le début du récit par le pasteur Esbach. Ce dernier mystifie de nombreux passages de l'histoire de l'humanité (la tendance malheureuse à la destruction de l'écosystème, la nécessité de partir sur d'autres mondes), laisse tout ce qui a trait à la science et la réflexion dans le flou et se contente de s'assurer que son « enfant » soit convaincu dur comme fer de la validité de sa foi. Quitte à lui implanter une puce dans le cerveau (à l'inverse de son dogme). Quitte à voler des vivres à Villevangk (alors que sa religion prône la fusion avec l'environnement, qui est donné par le Semeur et qui est donc supposé offrir tout ce dont l'homme a besoin).
Le thème ressurgit quand on croise Alexis, qui est camilleriste. Il croit que les Vangk (la race extraterrestre qui a permis les voyages spatiaux) sont retournés à un état primaire en attendant qu'une race suffisamment avancée vienne réveiller leur mémoire. Là encore, au chapitre suivant, les hommes ne se rappellent même plus du nom de cette croyance tellement son impact fut faible.

C'était une lecture très intéressante qui m'a fait me poser beaucoup de questions. Certains passages m'ont semblé peu nécessaires et par conséquent, un peu lourds, mais globalement j'en sors avec une bonne impression.
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