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Critique de MarianneDesroziers


Un roman censuré dès sa publication en 1962 et qui n'a été réédité qu'en 1999 par les courageux éditeurs d'Exils : voilà de quoi attirait la curiosité du lecteur... pour de bonnes autant que pour de mauvaises raisons. Qu'y-a-t-il de si sulfureux, de si politiquement incorrect dans ce roman pour qu'on l'interdise à la vente dans notre belle démocratie française en plein XXème siècle ? Une histoire d'inceste entre un père et ses filles, en milieu rural, dans la France profonde et pas toujours reluisante. Dans la magnifique et très intelligente préface de Jacques Henric, intitulée "L'écrit interdit ou de l'imbécilité triomphante (et meurtrière) des ministres de la mort" le lecteur comprend mieux ce qui s'est passé autour de ce livre et comment l'écrivain a été injustement puni pour avoir écrit une oeuvre de fiction aussi belle que monstrueuse. Des écrivains traducteurs aussi célèbres et géniaux que Nabokov, Mishima ou Pasolini souhaitaient traduire ce roman, premier de Genka, qui reçut le prix des enfants terribles.

Au coeur du livre, un homme, Morfay, homme de la terre, qui vit avec ses deux filles, Mauda et Marceline, aux caractères diamétralement opposés. Les trois entretiennent des relations très fortes, complexes et pour tout dire perverses. le personnage de Morfay est aussi fascinant que repoussant : il tient des discours philosophiques, écrit des lettres d'amour mais il détruit bel et bien ses filles et a également fait grillé des chats dans le four... bref, aujourd'hui on le stigmatiserait comme pervers narcissique pédophile, voire sociopathe et psychopathe.
A travers une langue très aiguisée, tantôt lyrique et poétique, tantôt fantastique (les meubles et objets de la maison parlent), c'est à une plongée peu ragoutante dans la vie d'un village où l'alcool fait des ravages, où la chair est triste et où rumeurs, chantage et cruauté se pratiquent entre voisins et en famille.
Un très beau roman sur des sentiments universels ici vécus à leur paroxysme toxique.

J'ai découvert Nicolas Genka (1937-2009) grâce à un article de Romain Giordan dans sa revue Les Rares à consulter ici : un grand merci à lui pour cette très belle découverte !
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