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Critique de Charybde2


Noir premier roman de Giuseppe Genna, et naissance de l'inspecteur Guido Lopez.

Publié en 1999, le premier roman de Giuseppe Genna installait d'emblée l'auteur et son inspecteur de la Criminelle milanaise, Guido Lopez, au premier plan de la fiction italienne noire contemporaine, avant la consécration de "Au nom d'Ismaël" en 2003.

Plongé dans un univers touffu et déliquescent, où droit commun et politique sont si enchevêtrés que nul enquêteur ne sait exactement sur les plates-bandes de qui il serait en train de marcher, l'inspecteur tente de démêler un imbroglio lié à l'évasion spectaculaire d'un ancien terroriste d'extrême-droite, juste avant une loi d'amnistie en préparation... Rassemblant avec brio et opiniâtreté des fils pourtant bien épars, en surveillant du coin de l'oeil supérieurs, collègues ou encore envoyés tout-puissants des "services", le policier, fatigué et au bord de l'amertume, fera pourtant "son boulot", nous confrontant de très près, au passage, à cette Italie livrée pieds et poings liés aux intérêts particuliers... Déjà du grand art, servi par un style d'une précision et d'un rythme peu communs.

"Mais cette époque, Lopez la savait révolue, et il cherchait, tel un myope, à percevoir ce qui lui était arrivé : à lui, mais aussi aux autres hommes de la brigade. Car ils devenaient tous de plus en plus distants et de plus en plus cyniques. Ils devenaient sceptiques et taciturnes. Ils vieillissaient. L'énergie qui les animait autrefois avait aujourd'hui disparu. Ils avaient changé, de façon imperceptible, sans que cette lassitude se fût jamais révélée à eux, sans que cette défaite eût été l'objet d'aucun aveu. Un amour s'était éteint et la vie retournait lentement en elle-même, vers son intérieur obscur, muet et insondable. Et Lopez s'en rendait bien compte, maintenant, après ces soixante heures passées à garder les paupières ouvertes parce qu'il voulait réussir, mais sans raison particulière, sans but précis, sachant qu'il fallait le faire pour oublier de se demander pourquoi il le faisait. Soixante heures... "
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