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Critique de JG55


"Keep smiling"
C'est ainsi que se termine ce roman bouleversant, effrayant et d'un pessimisme à nul autre pareil.
L'auteur roumain, Constantin Virgil Gheorghiu, a connu une vie plutôt chaotique du fait, entre autres des changements d'orientation politique des gouvernements des pays (Roumanie, Croatie puis Allemagne) où il a vécu les années d'entre-guerre et de guerre. Violemment anti-communiste, il a fini par obtenir l'asile politique en France en 1948 après avoir été emprisonné à plusieurs reprises en Allemagne par les américains.
Le roman décrit les itinéraires d'un paysan Yohan Moritz d'un petit village de Roumanie et d'un intellectuel fils d'un prêtre orthodoxe Traian Koruga du même petit village.
Les deux personnages se croiseront à diverses reprises.
Traian Koruga observe les diverses situations kafkaïennes que l'Homme est amené à subir du fait des totalitarismes qu'ils soient soviétiques ou nazis. Ainsi l'Homme au-delà de la vingt-quatrième heure se transforme irrémédiablement en homme-machine ou en citoyen technique et perd complétement son libre-arbitre ou sa liberté. La preuve en est que même si on fuit les 2 totalitarismes précités, on se retrouve chez les "américains" ou chez les "occidentaux" qui ne peuvent faire autrement que de se protéger préventivement et d'interner ces fuyards. Et même ceux qui sont chargés d'interner ces pauvres bougres ne peuvent rien faire contre cette loi générale. Comme s'ils étaient eux-mêmes prisonniers de cette loi générale.
Quant à Yohann Moritz, lui va vivre treize ans d'internements variés et successifs – pour rien – gratuitement !
Résumons l'essentiel de l'effrayant itinéraire du héros. Au départ, un acte malveillant d'un policier du village roumain (qui convoite en vain son épouse) le désigne faussement comme juif et le fait interner. Il s'évade vers la Hongrie où il est interné cette fois comme espion roumain puis vendu à l'Allemagne comme travailleur volontaire où il est repéré par un colonel SS comme le type même du pur aryen et sous sa protection, devient gardien SS d'un camp ; il s'évade à nouveau cette fois avec des prisonniers français qu'il est censé surveiller mais est emprisonné à l'arrivée par les américains comme criminel de guerre dont il ne parviendra qu'à la longue à se libérer pour retrouver sa femme et ses enfants qui ont fui la Roumanie après des exactions des soldats communistes. Il restera libre 18 heures chrono avant d'être interné à nouveau cette fois avec toute sa famille dans un camp américain, cette fois à cause de la nouvelle guerre dite froide entre blocs Est/Ouest… Bien sûr, je pense que Gheorghiu force bien un peu la note pour montrer l'absurdité du monde nouveau et surtout les nouvelles servitudes auxquelles les gens doivent se plier.
Mais n'y a-t-il pas un fond de vérité, vrai encore aujourd'hui et peut-être de plus en plus, à cause de réglementations plus précises ou plus contraignantes, à cause des méfiances face à l'inconnu, dans le fait que quelqu'un qu'on déracine ou qui fuit pour un monde qu'il espère meilleur, restera toujours l'étranger et par conséquent potentiellement suspect.
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