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Critique de gabrielleviszs


« S'appuyant sur des contextes historiques documentés retraçant cette époque particulière de l'histoire, George J. Ghislain nous fait rêver aux amours impossibles, aux quêtes improbables, avec le souci de l'authenticité émotionnelle qu'on lui connaît. Il aura pour ce faire des alliés inattendus. Les Loups de Walburg… et leurs loups. »



Merci de nouveau à Maïwenn des éditions Juno Publishing pour m'avoir envoyé ce premier volet. le fait que ce soit un historique et qu'il y a une histoire de loups m'a attiré. Il s'agit bien d'un historique et non d'un fantastique, donc nous restons dans la réalité. Une réalité qui fait froid dans le dos car dans un sens elle a existé, il y a bien des années et probablement pire que celle écrite.

En 1360, alors que la peste a fait rage il y a une dizaine d'années, Arn, orphelin des suites de cette maladie noire, est apprenti Bottier à Walburg, en Germanie, pour un homme qui compte lui donner son entreprise lorsqu'il arrêtera de travailler. Günther, l'un des fils du forgeron, se rapproche de lui, d'une manière que les bien-pensants, clergé et autres personnages qui ont le droit de tout détestent. Comment un homme peut aller avec un autre homme alors qu'il y a des femmes prêtent à écarter les cuisses de gré ou de force, bien entendu ? Arn et Gübther s'aiment et font ce qu'ils peuvent pour que personne ne s'en rende compte. Sauf que Günther a un frère, Otto, qui est au courant et préfère prévenir la garde du prince-évêque pour les amener en prison. La prison, ce lieu de perdition où les gardes font ce qu'ils veulent : torturent, viols en groupe, tout est bon pour mettre l'être humain au rang de rat, et même plus bas que terre. Jusqu'à la pendaison, ou le feu au choix ! Günther est une force de la nature et le soir où ils sont découverts, il jette son amant par la fenêtre pour qu'il est une chance de s'en sortir. Alors que lui-même sait ce qu'il va subir.

Arn est sauvé, mais à quel prix ? Il fuit sa ville, son métier, ses amis, son amant pour la forêt profonde, enneigé, gelé, glaciale. Sa vie ne tient qu'à un fil, celle de rester en vie pour Günther, pour que son choix, pour que son sacrifice ne soit pas vain. Et peut-être, oui je dis bien peut-être que Arn arrivera à aller le sauver ? Arn est encore tel un enfant, à peine vingt ans, il a pourtant eu de la chance depuis sa naissance, étant le seul a avoir survécu de la peste, retrouvé par un vieil homme qui lui a appris à travailler le cuir, lui mettant un métier en or entre les mains. Et puis il a trouvé l'amour, le véritable, celui qui est capable de se sacrifier pour l'autre. Cette nuit, Arn se rend compte de tout ce qu'il a vécu, les souvenirs affluent, les bons comme les moins bons, mais ce qui restent le maintient en vie. Jusqu'à ce qu'il tombe et soit retrouvé par des loups. L'aventure commence de nouveau pour ce jeune homme qui se demande ce que l'avenir peut bien lui réserver.

1360... Une période sombre pour tout le monde. Les femmes sont mariées de force pour un échange de bout de terre ou pour renflouer une dette, les enfants envoyés au travail, les paysans sont martyrisés, les nobles ont beau avoir de l'argent et du pouvoir, ils sont sur le fil du rasoir d'une lame qui peut leur tomber dessus sans bruit. Et ceux qui n'aiment pas le sexe opposé ne vivent pas vieux et leur fin de vie est si horrible que la mort devient une délivrance. Sans oublier que la population vient voir ces morts, par pendaison, par le feu afin de penser qu'ils sont encore en vie et que c'est une chance d'être en bas et non sur l'échafaud. Ce n'est une vie pour personne et l'auteur le fait très bien ressentir. Les mots qu'ils utilisent sont à la fois forts, durs et compréhensibles. Ils sont là pour rapporter les faits, même si l'histoire racontée n'est pas tirée de faits réels, mais cela aurait pu. Ce récit aurait pu être le récit de ces milliers d'hommes et de femmes qui ont vécus en marge de la société, qui ont subis les outrages de ceux qui pensaient que la "normalité" devait être respectée.

Respectée, respectable, ce ne sont que des mots pour camoufler le mal-être. J'ai déjà visité certains musées des horreurs, ces fameux musées où des appareils de tortures sont toujours en place et où des schémas indiquent leur façon de fonctionner. Cela fait partie de l'histoire, une de celle dont nous aimerions probablement oublier. Mais il s'avère que je ne veux pas oublier ce qui s'est passé avant notre naissance. L'homme est un loup pour l'homme est parfait pour ce récit dans le sens où l'animal le plus dangereux n'est pas celui que l'on aurait pu penser. L'être humain est capable du meilleur comme du pire. Dans ce premier tome, nous découvrons l'âme humaine dans toute sa splendeur. D'un côté nous avons Marcus qui n'hésite pas à violer une enfant devant son père pour qu'il soit acquitté de ses dettes, ou forcer la population à combattre des hommes et des femmes qui vivent en paix par ses mensonges... de l'autre nous avons les loups de Walburg, des hommes et des femmes qui ont réussi à s'enfuir avant ou après le passage dans la salle des tortures.

Marcus est obsédé par lui, lui et uniquement lui. Il a un pouvoir sur les autres parce qu'il leur inspire de la crainte. La peur est une pièce maîtresse et il a de nombreux gardes à ses côtés. Si certains changent d'avis à un moment de l'histoire, ils sont coincés dans cette mainmise. Celui ou celle qui osera affronter cet homme se verra tué sur le champ, à défaut mis dans une cellule et oublié. C'est un personnage qui se multiplie à volonté dans différents endroits, sous des noms autres que Marcus, mais nous en revenons toujours au même. La différence ne fait pas partie de la "normalité", donc il faut enfouir le tout sous un tas de merde. Créer la peur pour maintenir la population sous son joug est un jeu auquel il est doué, jusqu'à un certain point. Les gens peuvent penser ce qu'ils veulent tant qu'ils ne le disent pas à haute voix et ne le montrent pas.

Les loups de Walburg ont crée leur village, leur société. L'entraide est un point commun envers ses hommes et femmes, jusqu'à ce qu'un malheur arrive... jusqu'à ce que les souvenirs remontant à la surface soient trop forts pour être oubliés et engendrer un "problème". Arn est recueilli, reconnu et aidé. Ce qui est "magique" ce sont les loups, les véritables loups qui cohabitent avec ce village. Leur dominante, car oui il s'agit d'une louve, prend Arn comme leur chef de meute. Plus le temps passe, plus Arn se sent bien auprès d'eux tous, même s'il lui manque sa moitié. Ce n'est que le début de l'aventure et la suite promet beaucoup de chamboulements. Arn est l'un des personnages qui évoluent le plus. Enfantin, un peu naïf aussi bien des choses de l'amour que de la vie car souvent protégé par les autres, il découvre que le monde n'est pas toujours beau. Cette laideur l'a touché lui et Günther et le renforce dans ses convictions, celles de ne plus souffrir, de pouvoir vivre comme n'importe qui, de se battre pour ce qui est juste et l'amour est juste et ce avec n'importe quelle personne. C'est un sentiment fort qui ne doit pas être sali. Arn reste malgré tout ce qui va se produire humble, honnête et amoureux.

Entre Arn et les loups, il s'agit de respect mutuel et de rapport de dominant/soumis. Les loups sentent quelque chose en lui, c'est ainsi qu'il devient leur chef de meute. Une place qui n'est pas la meilleure, mais pas la pire. Les liens créent sont forts et sans en dire plus, ce lien va énormément les aider. Quant à son amant, Günther, je n'en dirais pas plus que cela : ils sont adorables tous les deux ensembles et leur façon de se protéger mutuellement est un vrai plaisir à lire. Leur histoire fait partie du contexte, déclenche des ondes de chocs. le récit ne peut fonctionner sans ce couple phare, car sans eux, nous n'aurions pas connu ces loups. La cruauté a beau être présente, l'amour qu'ils se portent sera toujours plus forte. Il faut du temps, non pas pour oublier, mais pour tenter de s'approcher du pardon. Un pardon que bien des gardes vont tenter d'obtenir d'une manière ou d'une autre.

Le livre se termine comme s'il n'y avait pas de suite prévue. Au vu du titre de la série "Les loups de Walburg" il doit probablement s'agir des autres couples qui se sont formés lentement, mais inexorablement lors de ce récit. Il est clair qu'il y en a quelques uns que j'aimerais suivre. Dans tous les cas, j'ai vibré avec eux, leur aventure n'est pas la plus facile dans un monde cruel qui a malheureusement existé et qui continue d'une manière différente. le courroux du bottier raconte une histoire qui aurait pu arriver et qui a sûrement dû se produire dans un sens ou l'autre. le combat de personnes mises de côté pour avoir le droit de vivre comme tout le monde ne devrait pas exister car les personnages devraient vivre comme ils le désirent. Les loups, les répressions, les sentiments, j'ai adoré ce premier tome qui nous plongent dans une période bien sombre, et qui garde une lueur d'espoir malgré toutes les épreuves que les personnages subissent.

http://chroniqueslivresques.eklablog.com/les-loups-de-walburg-tome-1-le-courroux-du-bottier-george-j-ghislain-a196875068
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