AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de mylena


mylena
08 décembre 2021
Ce livre est un catalogue d'exposition. Il s'agissait d'une exposition d'affiches russes de la période 1985-1990 qui est venue en France, d'où la préface de Lionel Jospin et celle d'Elisabeth Guigou, tous deux ministres à l'époque. L'affiche primée à l'issue de l'exposition ne me paraît ni la meilleure, ni vraiment la plus représentative. Au passage, le titre du livre n'est pas tout à fait "Moscou s'affiche - URSS : La contestation" mais "Moscou s'affiche – URSS – Perestroïk'Art – La contestation s'affiche ». Pendant la période soviétique les affiches étaient essentiellement ou de propagande idéologique, ou d'informations à visée «éducative»(comme notre campagne sur les cinq fruits et légumes par jour). Une certaine fonction esthétique n'était pas absente. Par contre, bien sûr, il n'y avait aucune fonction marketing dans le sens de susciter des besoins ou des désirs. A partir de 1985, l'initiative de création d'une affiche venait de l'artiste, il ne répondait pas à une commande quelconque. Il n'était limité que par la difficulté à trouver un acheteur (institutions ou organismes d'État, église, plus rarement parti politique faute de moyens). L'acheteur utilisait alors l'affiche, en assurant le tirage et la diffusion selon ses moyens et ses besoins. Les affiches de cette exposition ont donc été peu diffusées, faute de moyens financiers et pour cause de pénurie de papier. L'intérêt de ces affiches, c'est qu'elles sont le reflet des préoccupations de l'époque, des problèmes dans l'air du temps. On y voit une ouverture formidable avec une grande conscience des problèmes de société. Elles sont pleines d'humour et leur niveau esthétique est plutôt bon, voire très bon. Pour chaque affiche il y a une petite explication qui permet au lecteur occidental de comprendre l'objet de l'affiche, le problème auquel elle s'attaque ou les jeux de mots quand il y en a. Des affiches de ce niveau me paraissent hautement improbables dans la Russie actuelle, en tout cas un tel niveau de critique et d'ironie ne passerait probablement pas. Les affiches les plus surprenantes sont celles sur la religion. Elles sont nombreuses car le thème du concours était sur "Les dix commandements" (et l'exposition s'est ensuite enrichie d'autres affiches). Les unes passeraient encore largement aujourd'hui (propagande pour l'église), les autres qui prônent la liberté de croyance auraient du mal à passer, en particulier certaines qui mettent sur le même plan religion et communisme, Jésus Christ et Lénine ou Marx. Elles seraient interprétées carrément à l'envers, et tomberaient sous le coup de la loi contre le blasphème. C'est vertigineux !
Commenter  J’apprécie          120



Ont apprécié cette critique (12)voir plus




{* *}