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Critique de Bouteyalamer


Neuromancien est touffu, désordonné, dans l'usage d'abréviations, de mots tronqués, d'argot ou de patois, dans le scénario comme au niveau de la page ou de la phrase : « Vous êtes à peu près aussi compréhensible que tout le reste de c'te combine, depuis le début, maugréa Case ». le roman est néanmoins fascinant parce qu'il décrit un monde déréalisé, la pointe à la fois séductrice et répulsive de notre propre monde. La nature n'existe plus, sinon dans quelques arbres trop beaux pour être vrais, piqués là pour en donner le regret. le sentiment ou la confiance ont également disparu : la chair est de la viande, le plaisir et l'oubli sont recherchés dans l'exposition à une multitude de drogues, le métier de chacun est de tromper. Case, le personnage principal, est un pirate informatique qui rencontre des hommes ou des femmes augmentés de prothèses musculaires ou d'extensions sensorielles, hommes et femmes qui peuvent être aussi bien des IA capables d'imposer une pseudo-réalité. Ils peuvent mourir puis récupérer d'un électroencéphalogramme plat, à moins que le mort, ou la mort elle-même, soient des illusions. Beaux personnages, dans ce monde arbitraire, de Molly et de Muetdhiver, et à la toute fin, du jeune neuromancien.

Ce roman date de 1984, date fatidique… Il suit de deux ans le Blade Runner de Ridley Scott que j'ai vu deux fois avec admiration. Il en partage l'attirail cyberpunk, mais pas la dimension esthétique et philosophique. de façon très frappante, il devance de 40 ans les progrès ou les pestes qui nous sont familiers, le Net, les vérités alternatives, le métavers, les paradis artificiels, la concurrence de l'homme et de l'IA. On s'étonne en revanche que les personnages voyagent en avion et qu'ils doivent se logger précipitamment à un ordinateur pour percer les secrets monnayables à bon prix, alors même qu'ils savent partager la vision de leurs victimes ou de leurs complices. Gibson n'a pas réfléchi à la loi de Moore, qui lie puissance de calcul et miniaturisation des puces, ni prévu la vulgarisation du smartphone, mais ceci est accessoire.
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