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Critique de Dixie39


Franz-Oliver Giesbert nous livre dans "l'animal est une personne", des souvenirs de son enfance à la campagne, entourée d'animaux, qui seront pour certains ses seuls amis et confidents et dont la plupart finiront à la casserole, et, somme toute, dans son estomac. Il nous fait partager sa prise de conscience de l'animal en tant qu'être vivant et du destin qui lui est réservé et revient sur cette barrière qui s'est instaurée au fil des siècles entre ces deux entités :
L'homme fait partie du monde animal, qu'on le veuille ou non. C'est ainsi. Pour beaucoup il se situe loin devant les autres, en haut d'une pyramide d'où il regarde souvent ces congénères avec mépris et avidité. Pour quelques autres, l'animal est une personne, c'est-à-dire un être vivant doué de conscience, d'intelligence et capable de ressentir (le plaisir comme la douleur). Tous terriens sur cette planète bleue.
Certains sont convaincus de l'intelligence animale et restent carnivores, se persuadant qu'il y a moindre mal à manger un animal semblant de moindre intelligence que ces autres congénères.

Puis, l'essentiel de son propos est la dénonciation de la réalité de l'abattage industriel et, notamment de l'abattage rituel qui est, depuis quelques années en plein essor. Alors, qu'il soit religieux, ce n'est pas là le propos, et l'auteur pose nettement les choses : "Parler d'islamophobie à propos de l'interdiction de l'égorgement à vif relève du fanatisme, de la bêtise, de l'ignorance ou des trois en même temps."
Ne tuons pas le débat en ouvrant une brèche qui n'a pas lieu d'être.
Son combat n'est pas "religieux" donc. La colère qui ressort est plus tournée contre les politiques qui cautionnent la souffrance animale en n'osant pas faire appliquer la loi (l'étourdissement des animaux avant l'égorgement), favorisant ainsi toute une branche d'une industrie qui peut ainsi accroître ses rendements tout en baissant ses coûts de production et contre les oeillères que se mettent la plupart des consommateurs.
"Nous irons mieux le jour où, à la gloriole, notre sport national, nous préférerons la vérité, sur la réalité animale comme sur tant d'autres questions, sociales ou économiques. Mais je crains qu'il ne faille hausser le ton pour être entendu de nos élites qui, comme toutes les sphères de la société, sont enfermées mentalement derrière les barbelés de leurs dénis et de leurs peurs."

Mon sentiment par rapport à ce livre : Je partage ses combats et il prêche une convaincue lorsqu'il explique que "nous ne sommes qu'à l'âge de pierre de la connaissance des animaux et notre ignorance à leur sujet reste encyclopédique. Sans parler des préjugés ancestraux."
Oui, les abattoirs sont les derniers lieux et sujets tabous de nos sociétés. Et je n'arrive toujours pas à comprendre que des journalistes d'investigation ne s'y soient pas encore attelés comme il se doit. Franchement tous les ingrédients sont là : le goût du secret et de l'interdit, le danger, le gore, les scandales politico-financiers, sanitaires, quelques têtes à faire tomber au passage (autres que bovines, cela va de soi)... du scoop, de l'info, du buzz en barres servis sur un plateau ! Qu'attendez-vous ? ("Liberté, Indépendance de la Presse" reprenez vos stylos, vos caméras et vos micros... et votre courage à bout de bras... et il en faut... L'enfer de Dante à côté, c'est peanuts !).

Une chose m'a dérangé tout de même. Personnellement, je crois qu'il ne sert à rien d'être dans la "condamnation" pour essayer de faire changer les consommateurs et les mentalités. Il me semble que beaucoup de gens souhaitent sincèrement réduire leur consommation de chair animale pour les raisons évoquées par l'auteur, mais qu'ils ont pour la plupart la peur de ne plus manger équilibrer, de manquer de nutriments essentiels, peur relayée par certains médias ou organismes d'état. Donc plutôt que de blâmer ou de traiter les mangeurs de thon "de cons", je pense qu'il faudrait leur apprendre à manger autrement, expliquer sans chercher à choquer la réalité de ce qu'il y a dans nos assiettes (et pas uniquement en matière de protéines animales) et ouvrir les gens à une alimentation plus végétarienne. Tout le monde serait gagnant (d'un point de vue santé, financier, économique et écologique... et éthique) et les animaux en premier lieu ...
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