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Critique de Presence


Ce tome regroupe les épisodes 1 à 7 d'une nouvelle série débutée en 2014. Elle écrite par Keith Giffen (scénario) et John-Marc DeMatteis (dialogues), avec des dessins et un encrage d'Howard Porter, et une mise en couleurs du studio Hi-Fi. Seul l'épisode 5 a été dessiné par une autre équipe : Raymond Bermudez et Wayne Faucher. Une connaissance très superficielle des principaux personnages DC suffit pour pouvoir apprécier ce récit.

À l'aube du trente-et-unième siècle, sur la planète Bradbury Seven, Ariel Masters essaye de conserver son avance sur ses poursuivants. Ils agissent pour le compte des 5 et essayent de la capturer pour qu'elle mette son savoir scientifique à leur service (elle a été à la tête du projet Cadmus). Sur Cadmusworld, les jumeaux Terry et Teri ont pris sa suite à la tête du projet Cadmus.

Sur une autre planète, 5 superhéros sont en train de se battre contre une entité collective "The convert" qui prend possession des habitants. Ces superhéros ressemblent très fortement à Superman, Batman, Green Lantern, Wonder Woman et Flash. Après avoir plus ou moins réglé ce problème, ils sont envoyés par Terry et Teri, sur une autre planète pour neutraliser une garnison des 5.

À l'annonce de cette nouvelle série, l'attention du lecteur est titillée par la nature de la série, et par l'identité des auteurs. D'un côté, il s'agit d'une nouvelle série consacrée à la Justice League, mais elle se déroule dans le futur, donc potentiellement avec une Légion des SuperHéros pas très loin. de l'autre côté, le tandem Giffen & DeMatteis a laissé sa marque dans l'univers partagé DC, avec une version originale de la Justice League mêlant humour et personnages de second plan, dans Justice League International Vol. 1. Howard Porter a lui aussi imprimé sa marque sur la Justice League quand il dessinait les histoires créées par Grant Morrison : JLA Vol. 1 et suivants.

Giffen construit la dynamique de son récit sur 2 axes. le premier est de savoir qui sont réellement ces 5 superhéros. Ce ne sont pas des clones développés dans le futur, ni des robots. de séquence en séquence, le lecteur s'amuse à jouer au jeu des comparaisons : les points communs et les différences, à commencer par le caractère des uns et des autres. Sur ce dernier point, le lecteur s'apprête à savourer des dialogues ciselés et pétris d'humour. Il commence par s'amuser de l'ego surdimensionné de Superman, du caractère suffisant de Batman, de l'agressivité de Wonder Woman. Mais ces caractéristiques deviennent répétitives dès le deuxième épisode, sans progression, un humour de répétition trop mécanique. le lecteur patiente donc gentiment pour accumuler les indices sur la nature réelle de ces personnages (elle est révélée dans ce tome).

La deuxième dynamique du récit réside dans l'intrigue elle-même, c'est-à-dire la nature réelle du projet Cadmus, et cette guérilla contre les 5. le lecteur reconnaît le savoir-faire de Giffen qui amalgame de manière naturelle ces 2 composantes, et le développement des personnages. Par contre il ne retrouve pas la démesure de ce scénariste (présente par exemple dans Lobo: portrait of a bastich). Il introduit bien un personnage ayant la possibilité de remodeler la réalité à sa guise (Locust), mais l'utilisation de son superpouvoir reste assez mesurée et plate.

De son côté, JM DeMatteis s'acquitte de sa tâche en rédigeant des dialogues mesurés. Mais rapidement le lecteur s'aperçoit que le scénario de Giffen exige de longs dialogues pour pouvoir exposer tous les éléments de l'intrigue, et que DeMatteis a du mal à faire mieux que de l'utilitaire. La finesse incisive des dialogues de la Justice League International n'est pas présente ici, à cause du volume d'informations à transmettre.

Howard Porter crée un univers visuel plutôt dense, avec une composante futuriste convaincante. En particulier, il dessine des vues d'ensemble sur 2 ou 3 doubles pages qui dépassent le simple décor en carton-pâte. Il a su conserver l'incroyable énergie de l'époque JLA, en affinant ses dessins pour un encrage plus fin, et des expressions plus nuancées.

Il suffit de comparer les épisodes dessinés par Porter à celui dessiné par Bermudez et Faucher pour se rendre compte de la différence. Sans être mauvais, ces derniers ne prêtent pas la même attention aux décors, au langage corporel, aux tenues des superhéros. du coup leurs dessins sont plus fades. Par contraste, Porter est plus minutieux, plus constant dans le degré de détail, ce qui donne une narration visuelle plus intense.

Au final, ce tome propose une équipe de superhéros qui ressemble à la Justice League, mais avec assez de variations pour ne pas être une pâle copie et posséder une identité propre. L'histoire ne se focalise pas uniquement sur ces incarnations de Batman et consorts, et s'ouvre sur une lutte contre une dictature inique dont le lecteur découvre petit à petit le visage, en intégrant des références discrètes à l'univers partagé DC (le projet Cadmus apparaissant pour la première fois dans les séries "Fourth World" de Jack Kirby). Howard Porter apporte une grande énergie aux dessins, et une consistance qui dépasse les décors de série Z.

Néanmoins, Howard Porter doit également dessiner beaucoup de dialogues, c'est-à-dire des têtes en train de parler. JM DeMatteis a déjà été beaucoup plus inspiré pour écrire des dialogues aux petits oignons et Giffen doit installer tellement d'informations qu'il n'a pas l'opportunité de se lâcher vraiment. Un peu comme dans Larfleeze - Revolt of the Orange Lanterns (également de Giffen et DeMatteis), le lecteur sent qu'il y a du potentiel dans le récit, mais que les auteurs n'arrivent pas en tirer tout le parti attendu.
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