Je suis contente de ne pas avoir entendu parler des coupures verticales avant. Rowan avait raison; quelque part, tout au fond de moi, je ne voulais pas vraiment mourir. Mais c'est dur de vivre. Et alors je me revois assise devant le cosy de Lila quand elle est arrivée à la maison, à prier pour que ses petits poumons continuent à respirer. Je vais devoir faire la même chose pour moi, désormais.
Ma tête tourne ; mes yeux ont du mal à refaire le point. Ça me choque, comme toujours. Mais la brûlure n'est déjà plus qu'un souvenir. Ce n'est jamais la douleur, le pire. La douleur est vite oubliée. C'est la violence dont je me souviens toujours. La rage. La haine.
Notre maintenant n'est peut-être rien comparé aux milliards d'années et d'étoiles qui forment l'Univers, mais c'est peut-être tout ce qu'on peut demander. Maintenant, c'est tout.
Si chaque seconde équivaut à 438 ans, alors tout ça, nous, moi... ne signifions rien. Nous ne sommes même pas un grésillement d'électricité statique sur le radar. Toutes les inspirations que j'ai prises au cours de ma vie ne forment même pas une bosse sur la frise de l'existence humaine. Le monde est rempli de choses bien pires : famines, génocides, maladies. Nous ne sommes qu'une famille de riches avec un père taré. Nous ne sommes rien.
C'est à ça que sert l'argent, tu sais. À faire disparaître les problèmes.
Je peux prendre un coup. Mais un coup serait plus facile que ça. La douleur physique passe rapidement. Notre séparation sera une blessure bien plus longue à guérir.
Ce n'est jamais la douleur, le pire. La douleur est vite oubliée. C'est la violence dont je me souviens toujours. La rage. La haine.
On ne peut pas abandonner simplement parce que la vie nous met des bâtons dans les roues de temps en temps.
Les yeux sont vraiment la fenêtre de l'âme. Quand on est méchant, on ne peut pas le cacher. Le monde entier peut le voir. Il suffit de savoir ce qu'on cherche.
Les mensonges sont plus faciles à débobiner. La vérité est une pelote trop emmêlée.