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Critique de Zirkawicca


Il y a quelques mois, je suis tombée sur une critique de "Bichon" (tome 1) dans le magazine gratuit diffusé par les magasins Carrefour. Cette BD m'a tout de suite tapée dans l'oeil et a fini en bonne place sur ma liste de Noël. Nul n'étant infaillible (le Père Noël comme les autres...) c'est le tome 2 que j'ai découvert hier sous le sapin... Certes, j'aurais aimé entamer ma découverte de cet univers par le début, mais au final même en commençant par le tome 2, on ne se sent pas perdu. Je pense que le tome 1 se concentre surtout sur la présentation des personnages, plante le décor. Mais je n'ai eu aucun mal a trouver mes repères avec "Sea, sweet and sun".

Dès les premières pages, j'ai tout de suite adhéré à l'univers de Sacha, alias Bichon. C'est drôle, c'est mignon, et en même temps ça délivre un message de tolérance et dénonce la théorie du genre d'une manière délicate, jamais agressive. Je félicite sincèrement l'auteur pour son initiative, car on n'a pas l'habitude d'aborder le thème de l'homosexualité (n'ayons pas peur des mots) à travers l'enfance. Mais il ne faut pas oublier que les gens sont comme ils sont, parfois depuis aussi loin qu'ils se souviennent, parfois à l'état latent dans leur coeur et leur esprit car réprimés, "recadrés" depuis le + jeune âge. Ils ne se réveillent pas un matin en "décidant" de choisir une sexualité différente. (Pourquoi d'ailleurs quelqu'un choisirait-il de son plein gré une route si difficile?!)

Cette jolie BD m'a particulièrement touchée car elle a trouvé un véritable écho en moi. Plusieurs de mes proches sont en effet directement concernés et en ont beaucoup souffert (voire en souffrent encore). En Bichon, j'ai revu mon frère lorsqu'on était enfants, tous ces souvenirs enfouis qui ont refait surface d'un coup. Ca a fait remonter beaucoup de choses, j'en ai eu les larmes au yeux. Et ça appelle un constat que beaucoup remettent en doute: on ne CHOISIT PAS d'être homosexuel. L'orientation sexuelle fait partie de la personne comme le caractère ou la couleur des yeux. Et qui irait rejeter son fils parce qu'il a les yeux bruns et pas bleus par exemple?

Loin de surjouer pour mieux dénoncer, "Bichon" sonne terriblement vrai. Je revois mon frère, à 4 ou 5ans, qui voulait une Barbie sirène pour Noël, et j'entends encore les commentaires amers et alarmistes de ma grand-mère, les silences éloquents de mon père... Et + tard le calvaire de mon frère (comme celui de tant d'autres), broyé entre ce qu'il est et ce qui est attendu de lui. La censure implicitement imposée. Il a aujourd'hui trouvé sa voie après des épreuves sans nom, et c'est ce que je souhaite du + profond de mon coeur à toutes les personnes dans cette situation. Je sais que je livre ici des choses très personnelles, mais c'est parce que j'espère que d'autres pourront s'y reconnaître et peut-être, se sentir moins seuls, moins incompris... Car c'est bien un véritable combat que d'être soi-même dans une société bridée par les convenances, qui voudrait retirer à certains ce droit fondamental.

Le message général de cette BD est bien résumé par Sacha qui dit en toute candeur à son ami Cody (p30, case3): "Toi et moi on aime des choses qui sont pour les filles, mais je ne comprends pas en quoi c'est mal..." Cette innocence de l'enfance devrait durer toujours. Malheureusement rapidement les choses se compliquent... Je trouve que cette BD expose bien les préjugés et autres idées préconçues, tout en dédramatisant cette expérience qui peut pourtant s'avérer traumatisante. Je pense effectivement que dans ce cas, l'humour et l'autodérision sont des armes de choc.

"Bichon" est également une BD parfaitement ancrée dans son époque, avec des références bien actuelles: "La reine des neiges", les poupées "Monster High", et jusqu'aux chansons de cours de récré! Je n'ai pas pu m'empêcher de chanter en me remémorant mes propres souvenirs! Quelles personnes de moins de 25/30ans n'ont aucun souvenir de cette petite comptine? "Dans ma maison sous te-eeerrre! Omawé! Omawé!" "Bichon" n'est pas une fiction, c'est la réalité. Celle qu'on côtoie tous les jours, mais que beaucoup d'adultes ne savent plus voir. Personne ne devrait jamais perdre son âme d'enfant, cette capacité à s'émerveiller et se questionner sur tout, sans jugement.

C'est donc un grand 5 étoiles pour "Bichon", un sans faute pour ce message d'amour, et c'est certain que je n'attendrai pas Noël prochain pour me procurer le tome 1! N'hésitez pas, foncez: c'est un bonheur, une parenthèse d'innocence et de fraîcheur dans notre quotidien. Mais c'est aussi et surtout une bonne dose d'espoir, et Dieu sait qu'il en faut en ces temps troublés...

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