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Critique de Kirzy


Kirzy
16 septembre 2019
°°° Rentrée littéraire 2019 #21 °°°

Les premières pages sont absolument formidables. Trois garçons qui plongent nus, la nuit, dans une piscine qui ne leur appartient pas. le regard d'une jeune fille qui les découvre d'en haut, les étudie en cachette, fascinée, suit leur évasion. La naissance du désir par une transgression innocente qui annonce la suite, qui s'étalera sur vingt ans. Vingt ans à passer de l'adolescence à l'âge adulte, des rêves fous aux désillusions banales mais douloureuses, de la soif d'expériences et de liberté aux fracas d'une vie étroite, de la passion amoureuse à la solitude qui n'oublie rien.

L'écriture de Paolo Giordano a l'élégance et la fougue nécessaires pour donner envie de suivre ses personnages. Si Teresa est bien falotte bien que sa crise existentielle soit tangible ( la petite fille riche qui trouve la force de quitter le confort familial pour vivre son amour et trouver un sens à sa vie en symbiose avec la nature ) , le trio masculin est vraiment intéressant, dépositaire d'un secret qui fera bouger les lignes de force entre : Nicola, taciturne,et opaque ; Bern le fascinant rebelle qui vivra une grande histoire avec Teresa ; et surtout Tommaso, le sensible, celui qui révèle au lecteur et à Teresa à contretemps des événements du passé éclairants. Eux sont toujours sur le fil de irrationalité, on ne sait jamais où ils vont aller ni comment ils vont agir.

La construction est complexe, embrassant deux décennies, des ellipses puis des aller-retours dans le temps pour le combler. Cela fonctionne parfaitement durant les trois-quarts du roman, jusqu'à ce que le rêve communautaire autour d'une exploitation de permaculture ne se brise. A partir de là, les péripéties, parfois invraisemblables, s'enchaînent, faisant tomber le roman dans le mélo à trop haute dose lacrymogène. Je l'ai d'autant plus regretté que les émotions étaient déjà très présentes, j'aimais cette ambiance nostalgique pour dire le sentiment de perdre quelque chose que l'on a vraiment jamais eu. Ce trop plein de pathos a eu l'effet inverse sur moi : il m'a agacée et empêchée de ressentir pleinement une empathie forte pour Teresa et Bern. Trop racoleur au final.

Je fais cependant mienne cette magnifique injonction : « Nous avons pour tâche de donner l'assaut au ciel. Nous devons dévorer le ciel. »

Lu dans le cadre du jury Grand Prix des Lectrices Elle 2020 ( n°6 )
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