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Critique de Zablo


Blueberry était mort, Blueberry est vivant…

Dans cet album, le clan des Clanton prépare un mauvais coup...

Leur matrone les dirige d'une main de fer, un clin d'oeil aux frères Dalton et à leur maman…

Giraud profite de cet album pour démonter les stéréotypes sur les autochtones, qui provoquent chez certains personnages, de fiction ou non, une haine féroce.

Un terreau très fertile pour les manipulateurs...

Dans un mélange des genres propre à la série, l'album renoue avec le format d'enquête, les protagonistes cherchant la réponse aux meurtres soi-disant commis par des Apaches, tout en nous mettant rapidement la puce à l'oreille...

Ce volume, où le nom du bourg évoque une « pierre tombale », contient aussi des fusillades d'anthologie.

Je pense en particulier à la planche 19, où un crane renforce la dimension macabre, la dramaturgie de la scène.

Ce symbolisme se retrouve un peu partout dans le cycle, notamment par des plans rapprochés sur des objets, en particulier des cartes (une influence de son beau-père ou de Jodorowsky…).

On le voit sur la planche 30 : les flacons entamés représentent la fièvre et la souffrance du blessé, les cartes Blueberry (l'as de coeur) et sa compagne Dorée Malone (la dame de pique), la montre à gousset le temps qui passe...

Comme pour le tome précédent, Giraud fait de nombreuses références à la littérature classique, mais aussi sur la déformation des témoignages, qui ont conduit au mythe de l'Ouest.

Car, Campbell et Billy cherchent à publier un livre sur l'histoire de Blueberry, quitte à l'édulcorer un peu...

Giraud semble ainsi faire un pied-de-nez à certaines critiques sur le « réalisme » de ses BD, approfondissant la psychologie de ses personnages et donnant à voir la vie quotidienne de l'époque.

Il amène une réflexion critique sur le mythe de l'Ouest, plutôt que de broder sur des faits divers.

Car, depuis longtemps, Giraud sait faire ressentir l'odeur de crasse et le brouhaha des saloons de l'Ouest.

Il montre aussi les formes insidieuses des guerres contre les Apaches, notamment le nettoyage ethnique entrepris par le révérend Younger dans son orphelinat, ou plutôt sa prison pour enfants (thématique reprise ensuite dans Hoka Hey).

Comme Billy, qui se dévergonde peu à peu, on est pris aux tripes par la conquête de l'Ouest, que l'on voit par le petit trou de la serrure. Comme si le mythe de l'Ouest, raconté par Giraud, contenait une part de réalité, celle de l'Histoire américaine.

Néanmoins, Giraud cherche parfois à transcender ses dessins. Ils sont toujours aussi bien maîtrisés, mais avec quelques teintes de surréalisme, comme cette scène d'escalade à la fin de l'album, inspirée de l'Incal.

Au final pas trop surpris de voir Blueberry vivant, quoique la faucheuse n'était jamais passée aussi près.
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