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Critique de SophieLesBasBleus


Jackson C. Frank a 11 ans quand il échappe à l'incendie de son école à Cheektowaga, dans l'Etat de New-York. Donald , son meilleur ami, y meurt alors que Jackson est gravement brûlé au visage et à la poitrine. Des greffes sont nécessaires et la peau est prélevée sur sa cuisse avant d'être posée sur son visage et sur son torse. L'hospitalisation et la longue convalescence s'étirent dans la douleur, l'ennui et l'apprivoisement d'un visage devenu paradoxal. La vieille guitare offerte par un oncle devient un moyen de se détacher de sa cuisse boiteuse et de ses traits rapiécés. Une rencontre avec Elvis, les chansons de Dylan, un tableau de Rothko et ce perpétuel crissement de cendres sous les dents constituent l'armature d'un futur qui sera consacré à la musique folk.
Mais c'est l'incendie qui en reste la fondation.
C'est ensuite le départ pour l'Angleterre, à 21 ans, la création des premières chansons et l'enregistrement de "Blues Run the Game" produit par Paul Simon. Un disque qui restera unique. Et ensuite ? Ensuite le silence sans l'oubli.
Dans ce silence de Jackson C. Frank, dans les béances de sa biographie, Thomas Giraud insère une rêverie crépusculaire sur la portée mélodieuse de son écriture. le récit au présent qui embrasse les discours sans les obstacles de la ponctuation, prend une dimension intimiste et donne au lecteur une sensation de proximité familière avec le musicien. Quelque chose comme le secret mélancolique d'une étoile filante qui s'évanouit dans la nuit mais dont l'éclat continue de fulgurer dans la mémoire. C'est tout le mystère insondable de la création artistique qui est suggéré à travers le récit comme voilé de nuances de gris. de quoi se nourrit la créativité ? le silence est-il un choix ou une fatalité ? Et l'on ne peut s'empêcher de relier Jackson C. Frank à d'autres artistes, soudain muets.
Après ma lecture j'ai évidemment écouté Jackson C. Frank que je ne connaissais pas. Et la coïncidence entre cette voix qui semble brûler d'émotions indicibles et le texte de Thomas Giraud m'a complètement subjuguée. J'ai eu la belle et singulière impression que cette ballade silencieuse m'avait livré la clé qui me rendait perméable à cette voix et à cette musique-là. Une émotion rare que celle de trouver une parfaite correspondance entre un roman et son sujet !
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