Chiens, chats ou corbeaux, en Bretagne [...] tout était bon pour entretenir la peur. Les parents aussi se servaient de telles histoires pour faire obéir leurs enfants.
Plus on avance dans le sujet, plus on se rend compte que l'on rentre dans un contexte de peur créé par un certain nombre d'êtres fantastiques que l'on pourrait assimiler à des gendarmes de la nuit. On se demande alors si les auteurs d'une partie du légendaire autour de la mort, rassemblé et entretenu depuis le XIXe siècle jusqu'à nous, n'a pas été inspiré par des ecclésiastiques, eux-mêmes soucieux de faire régner l'ordre, le leur, dans les paroisses. En tout cas, ils ont su se servir des croyances populaires pour mieux tenir en main leurs fidèles.
La charrette de la mort fait le même bruit qu’une charrette mal graissée ; c’est probablement le cri d’un petit crapaud très commun en Haute-Bretagne, qui fait croire à cette charrette invisible, auquel son cri ressemble en effet beaucoup.
Pour les Bas-Bretons, […] les défunts ne quittent jamais tout à fait le monde d’ici-bas. On croit en effet que leurs âmes retournent sur les lieux dans lesquels ils ont vécu. C’est le cas notamment à trois grands moments de l’année : Noël, la Saint-Jean et surtout la Toussaint.
La perpétuelle préoccupation de la mort achève de donner au théâtre breton son véritable caractère. Dans les mystères français, la mort se montre à peine. Ici, au contraire, elle se promène triomphalement à travers le drame, quel qu’il soit, sous les traits de la personnification masculine que nous connaissons déjà par le théâtre cornique : l’Ankou. On peut dire que le théâtre breton retentit d’un bout à l’autre de ses menaces, qu’il est rempli, hanté, obsédé de son spectre. C’est je crois bien, son originalité la plus saisissante, une originalité funéraire.
Devant moi tout le monde plie,
je ne suis d'aucun pays et je suis de tout lieu. Gare !
Qui suis-je ?
-L'Ankou.
En […] Bretagne, personne ne meurt, sans que quelqu’un de ses proches, de ses amis ou de ses voisins n’en ait été prévenu par un intersigne.
En règle générale, la nuit appartient aux esprits et celui qui traîne le soir par les chemins s’expose aux pires dangers.
Le temps tourne, l'Ankou frappe.
Une fille qui siffle, une poule qui chante le coq.
Il faut leur couper le cou et les jeter au feu.