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Critique de camati


Merci à Babelio et aux Editions In Press de m'avoir fait découvrir « Vieux et debout », 139 pages, tout juste sorti de l'imprimerie et inscrit au catalogue de la toute jeune collection « Old'up, inventer sa vieillesse », dont le nom humoristique laisse entrevoir la ligne éditoriale : la vieillesse n'est pas la fin de tout ! Un seul mot d'ordre : debout les vieux !
L'auteure, Paule Giron, jeunette de 88 ans, signe ici son premier livre, après avoir été journaliste. Précisons d'emblée qu'elle dit page 108 que ce témoignage sur la vieillesse n'engage qu'elle.
Dans la première partie, sur un ton enjoué et en utilisant une expression plutôt familière, elle décrit les trois catégories de « vieux », pour utiliser son propre vocable : les premiers, qu'elle nomme avec une pointe de raillerie les « refusants », n'acceptent pas cette étape qu'est la fin de vie (qui pour certains commencent très tôt) ; viennent ensuite ceux qui se plaignent. Ces deux groupes donnent une image plutôt déprimante de la vieillesse, même si leur état de santé est tout à fait correct. Car Paule Giron a fait le choix de ne parler que de ceux qui ne sont pas malades, le cas de ces derniers étant bien entendu très différent.
P.Giron aborde plusieurs aspects de cet âge de la vie. Elle commence par ruer dans les brancards contre le jeunisme qui fait des ravages, que l'on soit encore en activité d'ailleurs ou en retraite. Puis, elle explique que les vieux cherchent essentiellement à créer du lien et qu'ils se font souvent rabrouer lorsqu'ils posent des questions. Je ne suis pas sûre d'être aussi optimiste qu'elle sur la question. En effet ma propre expérience a parfois été autre : des aînés qui donnent leur avis sur des questions personnelles sans qu'on le sollicite et passent leur temps à dire que c'était mieux avant. Ce qui n'a pas disparu, c'est le rapport de force de toute relation ; or, du fait de leur supériorité en âge, certains s'octroient tous les droits et estiment ne rien avoir à apprendre de plus jeunes qu'eux. L'âge n'autorise pas à jouer les « Tatie Danielle » !
Alors, bien sûr il y a la peur, d'être une charge, de ne plus contrôler son corps. Cela conduit certains d'entre eux à restreindre leurs déplacements et réduit leur monde, rétrécit leur horizon et leur esprit. C'est un cercle vicieux qui s'installe car l'étroitesse d'esprit va éloigner davantage la famille. Or la solitude et le manque d'échange sont difficiles à vivre.
Elle aborde ensuite la question de la fracture numérique liée à l'âge. Mais si on ne fait pas le moindre effort, peut-on y arriver ? Je connais des gens de 80 ans qui utilisent un ordinateur, même de façon basique, et d'autres qui n'ont même pas envisagé d'essayer, partant du principe qu'ils allaient être dépassés. Et pourtant voilà un terrain intergénérationnel si l'on veut bien mettre son orgueil dans sa poche et accepter que quelqu'un de plus jeune vous enseigne quelque chose !
Après un état des lieux de la vieillesse (du monde occidental), ce livre dans sa seconde partie explicite le message du titre, est beaucoup plus positif et nous fait découvrir l'association Old‘up, créée pour donner sens et utilité à la vieillesse, qui peut être autre chose que l'antichambre de la mort. Elle peut être par exemple une période de transmission de savoirs ou de savoir-faire. Comme le montre le nom de cette association, l'humour est un ressort qui permet, à tout âge de la vie d'ailleurs, dans des situations difficiles (deuil, maladie, handicap, chômage) de faire face à l'épreuve et de relativiser. Comme le dit un ami de l'auteure : l'Alzheimer, c'est moins grave qu'un cancer, source de profonde angoisse, puisqu'en sortant du cabinet médical, on a déjà oublié ce que le médecin a dit !
Le chapitre qui m'a le plus touchée est le dernier, intitulé « Heureux qui, comme Ulysse, a fait un grand voyage ». A dire vrai, je m'attendais à ce que la totalité du livre soit de cet ordre et suis un peu restée sur ma faim dans les chapitres précédents. La vision de la retraite a changé : elle n'est plus le bout de notre chemin terrestre, elle est devenue le début d'une nouvelle tranche de vie. Car même si c'est la dernière, la perspective est différente, la vision en est beaucoup plus optimiste. Car à mon sens, ce n'est pas comment sont les choses qui importe mais comment on les voit. Et si la vision de la retraite a changé, il me semble logique que celle de la vieillesse ait également changé.
Un livre qui a le mérite de susciter la réflexion sur le sujet de ce que l'on appelle pudiquement (ou hypocritement ?) le troisième voire le quatrième âge. J'émettrais pour finir une critique de la postface de Philippe Gutton qui tient davantage du cours théorique de philosophie que du ressenti et tranche singulièrement avec le parler direct et familier de l'auteure. Je m'en serais volontiers dispensée.
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