AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Little_stranger


Je ne sais pas ce que j'ai en ce moment, l'aristocratie et ses misères m'irrite. Ce doit être l'époque. J'ai pourtant lu sans déplaisir l'histoire d' Anne Veronica Glenconner née Coke, en octobre 1932, malheureusement fille du comte de Leicester (et oui, on n'hérite pas du titre si on est/naît fille de).
Elle grandit sur le prestigieux domaine de Holkham Hall dans le comté de Norfolk. Tout le petit univers mondain et titré d'Angleterre s'entremêle et se fréquente : la famille royale via la duchesse d'York et son époux, devenu le roi Georges VI et la reine Elizabeth (Georges est le frère Edward VIII, qui a abdiqué pour épouser Wallis Simpson). On retrouve aussi les soeurs du prince Philip, les princesses Theodora, Margarita, Cecilie et Sophie, qui venaient à Holkham pour les vacances. Il y a aussi celle qui sera bientôt reine Elisabeth et Margaret, sa petite soeur puis le fils d'Elisabeth, Charles, connu tout petit par l'auteur.
J'ai découvert des occupations passionnantes d'une dame de compagnie de soeur de la reine ou de la reine elle-même (car la maman de Lady Glenconner était Lady of the Bedchamber [quel titre], j'ai eu l'impression de me replonger dans mes livres d'histoire avec Louis XVI ... ). L'auteur nous conte son éducation limitée au strict nécessaire d'étiquette et d'épouse grâce au duc et à la duchesse de Devon et leur formidable école. La 2nde guerre mondiale vue de loin, son entrée dans le monde et le fait qu'elle faisait partie des jeunes femmes (demoiselles d'honneur) choisies pour porter la traîne (avec poignées intégrées) du couronnement d'Elisabeth II. Anne va se marier le 21 avril 1956, avec Colin Tennant, qui travaille dans la banque familiale (c'est plus simple), la C. Tennant & Sons. Son mariage ne va pas être heureux parsemés par les épisodes colériques récurrents de son conjoint qui sans vouloir être désagréable, me fait l'effet d'un bipolaire de premier ordre (mais à l'époque, ça ne se soigne pas). Se succèdent une longue série de fêtes, tours en Europe, soirées mondaines, robes, bijoux and so on. le couple a de nombreux enfants : Charles, Amy et May, les jumelles, Henry et Christopher. Voici l'île Moustique, dont va s'enticher Colin et qu'il va lancer en quelque sorte, en faisant un "paradis" à titrés et riches dont la princesse Margaret, à laquelle Colin va offrir une parcelle (je ne vous dit pas la taille, c'est indécent). Anne Glenconer a écrit ce roman afin de redorer le blason de Margaret, qui m'a toujours fait l'effet d'une sacrée peste, et dont j'ai adoré la biographie satirique (malheureusement pas traduite en français) "Mame Darling" de Craig Brown. Et Anne Glenconer fait tout ce qu'elle peut pour rendre sympathique (ou quasiment) la soeur de la reine Elisabeth II.
J'ai été au final plus intéressée par l'histoire des enfants d'Anne et Colin qui comme ceux de Mélusine de Lusignan, semblent avoir été victime d'une sorte de malédiction entre :
- Charles drogué à l'héroïne dés 13 ans (qui ne va vraiment quitter cet univers qu'avec la naissance de son fils, Cody, après son mariage avec Sheilagh et avoir été déshérité de son titre d'aînesse), et mourir d'une hépatite C,
- Henry qui après son mariage avec Tessa Cormack, va se découvrir homosexuel et être victime du SIDA,
- Christopher va avoir un accident de motos entre le Guatamela et Belize, mais va lentement récupérer grâce aux relations familiales qui facilitent grandement les problèmes logistiques et l'accès aux soins.
Etranges vies que celles de ces gens, déconnectés de la vie réelle, se reproduisant entre eux, persuadés que leurs privilèges sont une fin en soi. de l'argent, des lieux superbes et de grands vides émotionnels et personnels. Apparemment, le moment préféré d'Anne était celui du coucher de soleil à Moustique quand l'île n'était encore pas connue et qu'elle sirotait un cocktail : restons simple, je suis comme tout le monde.
Je vitupère, mais je reconnais avoir lu ce livre aisément et avec plaisir. L'auteur a su rendre attractif et intéressant un univers vide et cela en soit est déjà un miracle.
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}