Agneslitdansonlit

Mes premiers souvenirs des plaisirs de la lecture, ce sont ceux que m'ont offerts mes parents, les précieux moments partagés de "l'histoire du soir", bien au chaud; quel cocon plus douillet pour profiter de ces instants magiques... La lecture fut d'abord un trésor, détenu et partagé par les autres, les "grands", les lecteurs: la maîtresse qui lit tout en se déplaçant dans la classe, sa voix qui s'éloigne puis se rapproche, elle y met le ton; elles font ça tellement bien les maîtresses !
Un des plus beaux cadeaux que me fit ma mère fut l'abonnement à "Raconte-moi des Histoires": je savourais chaque mois un livret plein d'histoires, mais surtout, je les écoutais grâce aux K7 audio (oui, c'était le 20ème siècle !) Le temps passant, on cesse de se laisser bercer par le son de la voix des autres, et on trouve sa propre intonation. La lecture toujours associée à un moment de plaisir double: celui de s'évader dans le récit, mais aussi celui de lire en mangeant un carré de sucre (pas de bonbon dans cet "autre siècle"!), celui de lire à côté de mon père au salon, ensommeillé par le son de la télé. Chaque livre m'apporte une histoire qui lui est propre, mais il est aussi raccordé à des sensations, des souvenirs du contexte dans lequel je l'ai lu. Chaque livre me projette dans un ailleurs et en même temps, m'ancre dans un souvenir qu'il consacre, qu'il fige dans un moment particulier, un goût, une odeur.