AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Roupille


Esprit de synthèse oblige (fainéantise aussi), je vais aujourd'hui vous parler non pas d'un, mais de trois livres !

Quiconque a déjà pris le métro à Paris vous le dira : c'est un sacré bordel !
Entre la station de Châtelet, la correspondance Saint-Lazare - Auber, la Fourche, et j'en passe, si tu n'as pas un plan, un Bac + 12 en course d'orientation, un solide mental et une insensibilité totale à l'odeur de pimoispiroeuf (mélange de pisse, de moisi, de transpiration et d'oeuf dur).
Perso, ça m'angoisse ! Et encore, je sais que je finirai par trouver la sortie et retrouver l'air "libre" (enfin… l'air gazpilope, mélange de gazole, de pisse - encore - et de clope). Promis, j'arrête d'inventer des mots.
Alors maintenant, imagine un peu : une "catastrophe" nucléaire a rendu la Terre inhabitable à cause des radiations (comprendre : tous les pays du monde se sont chauffés et ont fini par s'envoyer joyeusement des gigatonnes sur la tronche), contraignant les rares survivants à se terrer dans le métro. Là, je sue à grosses gouttes. Bon. Maintenant, imagine qu'en fait, tu es en Russie, et que du coup, les stations ne s'appellent pas Saint-Michel-Notre-Dame ou Montparnasse-Bienvenüe, mais Karsnopresnenskaya, Novokusnetskaya ou Ploshchad Revolutsii… Tout écrit en cyrillique. Et qu'on te demande de traverser (à pieds) le métro infesté de voleurs, de nazis, de communistes et de mutants radioactifs parce que c'est ton destin, tu réponds quoi ? Bienvenue dans la trilogie Metro 2033, de Dmitri Glukhovski ! Il fait chier, le destin…

Metro 2033 est une trilogie russe dystopicopostapocalyptique composée de Metro 2033 (étonnant), Metro 2034 et Metro… 2035 (logique implacable, donc). le premier tome se déroule une vingtaine d'années après une apocalypse nucléaire qui n'a laissé le temps qu'à quelques survivants de se terrer dans le métro moscovite, et nous raconte la quête d'Artyom, jeune habitant de la station VDNKh (à vos souhaits) qui assure, avec ses compagnons, la protection des couloirs de la station. Il sera précipité par Hunter, un redoutable Stalker, dans une quête qui le dépasse, et qui pourrait remettre en question l'avenir de tous les réfugiés.
Avec ce premier opus, on a là un roman déroutant : au classicisme du point de départ (un gamin au charisme de poulpe devient le dernier espoir de tout un peuple) s'oppose un background riche et bien construit fait de factions aux idéologies très "marquées", au style riche en descriptions surabondantes, à la limite de l'ennui, se dessine une ambiance post-apocalyptique d'une force anxiogène assez hallucinante.
Malgré quelques longueurs, on tient là un premier tome mémorable, au final nihiliste absolument parfait.

C'est donc plein d'appréhension que l'on ouvre le 2e tome, Metro 2034. En effet, pourquoi reprendre une histoire qui se suffisait à elle-même ? Peut-être pas à grand-chose, et c'est pourquoi Glukhovski décide de prendre un (léger) contre-pied par rapport au roman initial : un an après les événements de Metro 2033, exit Artyom, et place à Hunter, Homère et Sacha, depuis la station isolée de Sevastopolskaya (dans le sud du métro, donc).
Avec les mêmes qualités et défauts que son prédécesseur, ce Metro 2034 peine à autant convaincre que celui-ci, la faute à une trame très (trop ?) déconnectée du premier, et à quelques incohérences par rapport à celui-ci. Enfin, si la place des femmes dans Metro 2033 était totalement inexistante, sans que cela ne choque, Sacha, héroïne sans grand intérêt du roman, confirme que Glukhovski ne sait pas trop quoi faire des personnages féminins dans sa trilogie.
En somme, un deuxième opus pas désagréable à lire, mais qui n'apporte pas suffisamment à la mythologie pour totalement emporter l'adhésion. Pourtant, avec son trio de héros et ce Hunter au potentiel badass assez dingue, il y avait de quoi tenir quelque chose de mémorable.

Arrive enfin Metro 2035, conclusion de la saga moscovite. On y retrouve, encore un an plus tard, un Artyom brisé, à la limite de la folie, qui tente désespérément de prouver l'existence de signaux radio et donc la preuve que d'autres villes ont pu survivre à l'apocalypse nucléaire. Ce final fait le lien entre les personnages des deux précédents romans et, si Artyom gagne en consistance, le destin du personnage de Sacha laisse quant à lui une impression bizarre déjà entrevue durant la lecture de Metro 2034.
On retrouve le propos nihiliste, désespéré de Glukhovski qui, en poursuivant son exploration du microcosme moscovite, enlève ses derniers espoirs au lecteur. En effet, ici point de salut : le système s'est adapté à ce nouvel environnement souterrain, à cette "non-vie", et ne pourra revenir en arrière. Cohérent avec l'ambiance global de la trilogie, le message est malheureusement contredit par un épilogue en forme de demi happy end qui dénote avec l'atmosphère oppressante de l'ensemble de l'oeuvre.
En conclusion, un troisième tome qui redresse la barre mais souffre encore de la comparaison avec le premier et ne parvient pas à totalement recoller les morceaux.

Reste à la fin une trilogie au style différent, particulier, à l'ambiance assez dingue, dans laquelle quiconque sera prêt à pardonner ses quelques errements pourra se perdre avec plaisir dans ses voies souterraines.

La trilogie Metro est faite pour toi si…tu as toujours rêvé de vivre dans une tente entre 2 lignes de métro sans jamais l'avoir réalisé.

J'ai aimé :
- le message nihiliste
- L'ambiance oppressante
- L'univers

J'ai moins aimé :
- Les personnages féminins, au mieux inexistants
- Des descriptions à rallonge
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}