L'anthropologie a pour visée de décrire et d'étudier, le plus scientifiquement possible, l'Autre.
Seulement, comment étudier l'Autre sans agir et interférer avec lui et, du fait, sans "fausser" les résultats ?
C'est de ce non-dit (et de bien d'autres) que nous parle
Sophie Caratini, dans cet essai riche et passionnant.
Des générations d'anthropologues et d'ethnologues, par souci "scientifique", ont occulté volontairement ou non dans leurs travaux, la part sensible, subjective et/ou personnelle de leur rencontre et de leurs rapports avec leur "sujet" d'étude, et ce afin de coller au plus près des méthodes et des discours attendus et imposés par la communauté des chercheurs.
Cependant, comme le dit très bien
Sophie Caratini, ce qui amène un chercheur à étudier tel ou tel Autre, c'est un faisceau de hasards, de manipulations, de chances (ou de malchances), de choix inconscients...
Omettre ce faisceau d'événements est, pour l'anthropologue, cacher une partie de son travail et de son analyse.
En incitant les chercheurs à exprimer cette part de vécu et de subjectif (au risque de paraître moins "scientifiques"), l'auteur nous donne à lire aussi ce qui fait la valeur et l'intérêt de cette recherche : l'anthropologie est avant, et sur tout, d'être une science, la rencontre d'êtres humains.
Adressé aux étudiants et aux chercheurs de la communauté, cet essai, écrit avec finesse et sans tomber dans le jargon technique et universitaire, ne manquera pas d'intéresser le grand public, séduit par la question de l'étude de l'Autre.
Ma rencontre avec ce livre et cette critique furent possibles grâce à Masse Critique.