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Critique de oiseaulire


J'avais trouvé mièvre ce roman de Goethe à l'adolescence.

Il n'en est plus de même aujourd'hui, non que je sois devenue « fleur bleue », mais au contraire parce que ma lecture n'est plus centrée exclusivement sur l'amour malheureux de Werther.

J'ai été sensible au style libre et spontané, aux phrases non terminées, suggérant la pensée non dite qui affleure. J'ignorais qu'on pût écrire ainsi à la fin du 18ème siècle ( la présente traduction respecte l'écriture de Goethe) ;

J'ai vu le brasier charnel dans lequel se débat le héros : je n'avais perçu à 16 ans qu'une passion cérébrale un peu forcée, ce qu'elle n'est assurément pas ; même si sa naissance contient de l'artifice ( on sent bien Werther disponible, avide de vivre une grande histoire ) ; même s'il y a incontestablement des poses de sa part ( que moque l'auteur au passage : « Que je m'adore depuis qu'elle m'aime ! » ) ;

Il y a cette blessure d'amour-propre permanente du bourgeois en butte à l'arrogance de caste des nobles dont il se sent pourtant l'égal : cuisantes humiliations ;

Il y a ces raisonnements brouillés par la passion dont la plume de l'auteur excelle à restituer le naturel : comme il arrive dans les débats d'idées lorsqu'on mélange une thèse avec la thèse adverse pour justifier à tous prix une opinion (ici Werther défend le suicide comme un acte courageux tout en soutenant qu'étant le résultat d'une maladie de l'âme, on ne saurait en rendre le malade responsable ).

Il y a enfin, au gré des rencontres de Werther, une puissante évocation des mécanismes de projection, au point qu'un être aussi romantique que lui se sent proche du violeur et de l'assassin dont il plaide la cause auprès des autorités.

Finalement, cette histoire n'est pas une histoire à l'eau de rose.


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