Parmi les très bons
romans que j'ai lu, celui-ci est probablement celui que j'ai trouvé le plus bizarre.
L'idée même d'« affinités électives », d'inspiration schopenhauerienne, constitue, à mon avis, une tendre rêverie toute à fait digne d'être prise en considération pour sa grande beauté et son originalité. Mais en lisant le roman, j'ai vraiment eu l'impression que
Goethe y croyait dur comme fer à cette idée. Se serait-il laissé séduire l'esprit par la verve très jolie, très romantique et très poétique de
Schopenhauer?
D'autre part, sa très lourde insistance sur des détails architecturaux directement liés au franc-maçonisme est encore plus saugrenue. Cette bizarrerie n'a pu être inclue dans le
roman sans qu'un artiste aussi accompli que
Goethe en soit conscient. Est-ce qu'il a vraiment pensé que son lecteur devrait s'intéresser à cela? Franchement, ça me dépasse, car ça constitue à mon avis le seul défaut de cet excellent roman qui aurait été un véritable chef-d'oeuvre autrement.
Vraiment, comme il le dit lui-même : « Les plus grands hommes sont toujours de leur siècle par quelque faiblesse. »(224)
Du reste, le roman est franchement réussi, et probablement en grande partie en fonction de l'effet d'étonnement que ses étrangetés provoquent chez son lecteur. On ne m'a jamais laissé perplexe de manière aussi grandiose.
Commenter  J’apprécie         470