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Critique de Krissie78


En 1954 William Golding publie un roman pour la jeunesse qu'il situe pendant la Seconde Guerre mondiale. Un avion s'écrase sur une ile du Pacifique. Une quinzaine d'enfants britanniques, issus de la haute société, âgés de 6 à 13 ans, se retrouvent livrés à eux-mêmes. Quelle belle occasion de jouer aux Robinson Crusoé, de s'affranchir des règles des adultes, de profiter de cette liberté. Très vite deux tendances se dessinent : le groupe de Ralph, prêt à reproduire les schémas sociaux de l'enseignement britannique, et celui de Jack plus enclin à la liberté.

Sous couvert d'un récit d'aventures l'auteur dresse une satire de la société ou plutôt donne sa vision de l'humanité. Dans une telle situation d'isolement et de survie, comment l'être humain va-t-il se comporter (c'est étonnant, pas une seule représentante du sexe dit « faible » dans cette dystopie. le féminin verrait-il les choses différemment ?). On peut voir dans chaque personnage l'expression d'une catégorie de la population : les grands seraient l'élite, les décideurs, tandis que le groupe des petits, les suiveurs, pourrait représenter le peuple docile qui va pencher vers celui qui lui offrira la sécurité.

Trois figures sont pour moi emblématiques : Ralph, le représentant de la démocratie, élu « chef » dès le premier jour au suffrage universel. Il s'appuie sur « Porcinet », le petit gros intellectuel à lunettes qui représente la pensée, le savoir (le seul personnage qui n'a pas de nom). Un peu beaucoup caricatural le personnage. Tous deux prônent le respect des lois et incarnent la civilisation réfléchie qui agît pour le bien de tous. Face à eux Jack, appuyé par la brute Roger, est l'incarnation du retour de l'anarchie et de la sauvagerie. Pour lui le feu ne sert pas à permettre à un bateau de les repérer et de les sauver mais seulement à faire cuire les cochons attrapés et massacrés au cours des chasses dans les forêts de la petite île.

C'est au final une vision bien sombre de l'humanité que dresse William Golding. Il faut très peu de temps pour que ces jeunes garçons élevés dans la plus pure des traditions britanniques ne laissent craquer le vernis de leur éducation pour sombrer dans la violence et un état proche de l'animal, succombant à des rites tribaux, violents, ne répondant qu'à la logique du plus fort écrasant ceux qui s'opposent à lui en voulant garder leur humanité.

Ce livre continue non seulement à marquer les générations mais à inspirer de nombreuses déclinaisons. Les auteurs de la série TV « Lost » ainsi que les producteurs de l'émission -jeu « Survivor » et de ses déclinaisons nationales telles « Koh Lanta » semblent avoir puisé leur inspiration dans ce roman.

J'ai été surprise de lire que le tire est une traduction littérale du nom de Belzébuth, chef des démons dans la tradition chrétienne.
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