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Critique de 5Arabella


Le narrateur, qui semble être l'auteur du livre, a la sensation de s'être perdu lui-même quelque part. Alors pour se retrouver, pour redonner sens aux choses, il décide faire un voyage. Mais pas n'importe lequel, car depuis la chute du mur de Berlin, dit-il, nous n'avons plus d'ailleurs. Donc il se trouve cet ailleurs dans le grand nord, et il prend les contours d'une île, d'île de Kolgouev. Ce voyage plus nécessaire que la vie, nécessaire à la vie, il s'y prépare longtemps à l'avance, dans l'espace de l'imaginaire et du rêve.
C'est la première partie du livre, Livre des rêves. Dans la deuxième partie, Livre de la fuite, nous découvrons le Fugitif, qui est l'auteur toujours l'auteur, enfin un de ses avatars, et nous découvrons qu'il a déjà fait une approche de l'île, lors d'un voyage dans le nord, qui passait entre autres par les Sokolovki. Mais le Fugitif n'était pas encore prêt à vivre vraiment cette expérience, il n'a fait que l'effleurer, mais il lui est resté à jamais l'envie de la vivre enfin avant qu'il ne soit trop tard. Il va donc préparer son expédition vers les Montagnes Bleues, se trouver un compagnon pour partager le voyage. le livre de l'expédition raconte en principe le voyage, mais en fait en laissant beaucoup de choses dans l'ombre, et raconte aussi d'autres voyages, d'autres voyageurs, qui ont exploré l'île précédemment. Enfin, Livre des destins, parle de l'après, et même d'un retour sur l'île à la recherche des mythiques Siirts.

Mais tout cela se télescope, le présent est enchevêtré avec le futur, nous ne sommes jamais uniquement dans un seul lieu, à un seul moment. L'auteur se laisse aller à nous conter une anecdote, un bout de souvenir, qui en entraîne un autre, puis un autre, sans que pour autant il nous donne l'impression d'être perdu, il sait où il veut nous amener, et il doit nous perdre pour que l'on puisse se retrouver.

C'est un voyage initiatique, le voyage des rêves perdues et retrouvés. Mais il nous montre aussi de façon très crue et réaliste la misère, un monde en ruines, la traditionnelles société des Nénets, déstructurée par le régime socialiste, les vieilles coutumes et façon de vivre abandonnées au profits d'une société où tout leur était finalement donné sans grand effort, et lorsque l'économie s'est effondré, la misère noire et le manque totale de perspective, des gens oubliés au bout du monde, entièrement dépendant des produits venant de l'extérieur, qui se sont mis à ne plus venir.

Un beau livre, par moment un peu trop lyrique et peut être trop pensé à mon goût pour être complètement enivrant, mais tel avec ses petites imperfections, il m'a fait passé un excellent moment de lecture. Etrangement, c'est l'avant et l'après qui sont les plus intéressants et touchants, comme s'il n'était pas vraiment possible de partager le pendant, celui-ci il faut le vivre, il reste indicible.
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