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Critique de Foxfire


Pour les cinéphiles, le Hollywood de l'âge d'or a une saveur particulière. J'ai beau apprécié le Nouvel Hollywood et ses grands acteurs, je trouve les stars de l'âge d'or autrement plus fascinantes. D'autant plus que les destins de ces étoiles sont souvent tragiquement romanesques. A trop vouloir s'approcher du firmament, on se brûle les ailes. Je sais bien que nombre de personnalités du Nouvel Hollywood ont connu leur lot de drames. Mais ces parcours sombres et souvent décadents semblent moins tragiques que ceux de l'âge d'or. Peut-être parce que ce qui était visible sur les écrans entrait moins en contradiction avec la face cachée. En effet, le Nouvel Hollywood s'est attaché à montrer ce qui ne se montrait pas avant, et a mis en avant des acteurs qui ressemblaient davantage à ce qu'ils montraient à l'écran. Au contraire, les vedettes de l'âge d'or donnaient à voir un visage glamour, Hollywood devait faire rêver. Bien sûr, ce n'était qu'une façade. Derrière le glamour des sourires hollywoodiens, le scintillement des robes lamées, se cachait souvent une réalité sordide. Dans le rôle des bourreaux, les grands patrons des studios, les Harry Cohn, les Daryl Zanuck, les Hal B. Wallis. Dans le rôle des victimes, des jolies filles qui rêvent de la gloire que pourra leur apporter leur joli minois et leur silhouette appétissante. Hollywood est une machine à rêve pour le public, en coulisses un monstre qui broie les êtres. Beaucoup de ces filles qui rêvent de briller parmi les étoiles seront fracassées par ce système inhumain.
Alors que la divine Marilyn venait de rendre son dernier souffle et n'avait même pas encore rejoint sa dernière demeure, le requin Harry Cohn se serait écrié « Trouvez-moi une autre blonde ». Et en effet, les studios vont s'échiner à reproduire le miracle Marilyn en propulsant, de façon souvent éphémère, des beautés platine sur le devant de la scène. Dans son ouvrage « des blondes pour Hollywood », Adrien Gombeaud propose les portraits d'une dizaine de ces femmes qui étaient là pour combler le vide laissé par Marilyn, pour remplacer l'irremplaçable.

J'ai beaucoup aimé cette lecture. Comme je l'ai dit, lorsqu'on est cinéphile, on apprécie particulièrement le Hollywood classique, à la fois pour ce qu'il veut nous montrer (les grands films, les stars sublimes) et à la fois pour son revers sombre et décadent. C'est bien entendu ce second aspect qui va prendre le dessus dans l'ouvrage de Gombeaud. Les destins qu'il nous raconte ici sont souvent tragiques, en tout cas toujours au moins teintés d'une certaine tristesse.

Si Gombeaud n'édulcore en rien les parcours de ces femmes, j'ai senti dans sa façon de raconter leurs histoires une profonde tendresse envers elles. Jamais l'évocation des épisodes sordides de la vie de ces vedettes ne les salit, elles ne sont jamais avilies par le récit de l'auteur Celui-ci les dépeint comme les victimes d'un système et surtout il rappelle à notre mémoire l'existence de ces étoiles éphémères. Rappel salutaire. Autant je me souvenais très bien de Mamie van Doren, Jayne Mansfield ou Sheree North, autant j'étais passée totalement à côté des autres. J'ai pourtant vu des films avec certaines d'entre elles mais elles ne m'avaient pas marquée. C'est peut-être là l'explication de quelque chose, cette absence de la magie qui a fait le miracle Marilyn. L'entreprise des studios de retrouver une autre star platine était vouée à l'échec. Si Marilyn a atteint le firmament, c'est parce qu'elle avait quelque chose de particulier, ce petit truc indéfinissable, l'aura ou quel que soit le nom qu'on peut donner à cet ingrédient impossible à reproduire. Quand Marilyn apparaissait sur un écran, elle irradiait tellement qu'elle prenait en otage le film et le spectateur. Ca ne venait pas de son talent, elle en avait mais comme tant d'autres, ça tenait d'elle, c'était Norma Jean derrière Marilyn qui illuminait de sa beauté fragile l'écran et qui touchait le coeur. C'est ce je ne sais quoi qui a fait d'elle la star ultime, la star matricielle. Pourtant il y en a eu d'autres avant, Marilyn était fan de jean Harlow, il y en a eu d'autres après. Mais Marilyn les a toutes surpassées dans l'imaginaire collectif, même celles qui l'ont précédée. Pour autant, ce serait dommage de laisser dans l'oubli ces jeunes femmes qui ont rêvé de briller du même éclat. Elles méritent notre regard et notre tendresse.

Ces portraits sont tristes mais beaux et touchants. On est ému par le besoin d'amour et de reconnaissance qui transparait à travers la poursuite de la gloire, on est charmé par l'esprit dont savent faire preuve ces jeunes femmes trop réduites à ce qu'elles n'étaient pas. Gombeaud leur donne l'éclat qu'elles n'ont pas eu l'occasion, ou trop peu, d'étaler sur grand écran. Et ce qui ne gâte rien, c'est bien écrit. « Des blondes pour Hollywood », c'est un amoureux du cinéma qui parle aux amoureux du cinéma, ceux qui aiment le Hollywood de l'âge d'or pour sa grandeur, sa beauté mais aussi pour ses ténèbres.
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