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Critique de SZRAMOWO


L'inspecteur Jon Gutiérrez est un tendre mais ça ne se voit pas :
« Non pas que Jon soit gros (mais), il a un torse en forme de tonneau et deux bras à l'avenant. À l'intérieur (…) il y a des muscles de harrijasotzaile – de leveur de pierre. Son record personnel est de 293 kg (…). Pour s'occuper, le samedi matin. Pour que ses collègues lui foutent la paix avec son homosexualité. »
Pour le moment il est mis à pied sans traitement parce qu'il a pris la défense d'une jeune prostituée et utilisé des moyens peu conventionnels pour faire tomber son mac. La patrouille, en l'occurrence les media, l'a rattrapée et ses méthodes ont été mises sur la place publique et vilipendées sur les réseaux sociaux.
« Jon s'est retrouvé dans une merde noire. » Son commissaire s'interroge sur ses facultés mentales et les raisons de son geste :
« — Si au moins tu te la tapais, Gutiérrez. Mais toi, les filles, c'est pas ton truc, pas vrai ? À moins que tu te sois mis à marcher à voile et à vapeur ? »
Il ne reste plus à Guttierrez qu'une solution pour échapper à la prison, accepter la mission que lui confie Mentor, un homme de l'ombre au service des puissants, mais quels puissants, Jon l'ignore.
Pour accomplir sa mission, il devra travailler avec Antonia Scott, une femme aux « incroyables capacités cognitives » qui semble aussi être sous la domination de Mentor.
Allant de surprise en surprise, de Bilbao à Madrid, Jon Guttierez va se trouver confronté à plusieurs défis. Devra-t-il trahir pour échapper à la prison ? Doit-il faire confiance à Mentor ? Antonia Scott est-elle fiable ? Sera-t-il l'idiot utile ou le bouc émissaire de responsables qui veulent fuir leurs responsabilités ? Retrouvera-t-il un jour son poste dans la police lui qui pense :
« — Oui. Oui, je suis un bon flic. Je suis un putain de super flic. »
Héros camusien, Jon, tel le Sysiphe d'Albert d'Oran, gravira le flanc de sa montagne plusieurs fois et assistera impuissant au spectacle du rocher dévalant la pente alors qu'il pensait l'avoir porté au sommet.
Des sommets Jon en a gravi, mais cette fois il semble devoir se conformer à une morale qu'il réprouve et sa connaissance de la Bible ne lui sera d'aucune aide cette fois :
« L'âme qui pèche, c'est celle qui mourra. le fils ne portera pas l'iniquité de son père, et le père ne portera pas l'iniquité par son fils. […] Ce que je désire, est-ce que le méchant meure ? dit le Seigneur, l'Éternel. N'est-ce pas qu'il change de conduite et qu'il vive ? »
Une découverte littéraire bienvenue dans ce monde confiné et morne, qui rend caduque tout ce que le lecteur croyait connaitre sur la littérature policière.
« Un signe de l'univers comme un autre, qui aura le sens qu'(on) voudra bien lui donner. C'est à cela que servent les signes, à ce que nous en fassions ce qui nous arrange. »
Merci Juan Gomez-Jurado.
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