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Critique de Sachenka


Milieu du XXe siècle. Afrique du Sud. Apartheid. Je connais les grandes lignes des événements entourant cette époque troublée et troublante. Plusieurs auteurs sud-africains ont écrit sur ce sujet tels Brink et Coetze. Nadine Gordimer aussi, avec son roman, Fille de Burger. Ce que je trouve intéressant de ces auteurs, c'est qu'ils n'ont pas essayé de se mettre seulement à la place des Noirs (du moins, dans les romans que j'ai lus) mais plutôt qu'ils ont tenté de montrer l'impact négatif de la ségrégation et de la répression chez tous, incluant les Blancs. Pas que ceux-ci aient souffert davantage ou autant, mais qu'ils ont lutté également pour cette cause, et d'autres aussi. Aussi, cela démontre comment l'apartheid a eu un impact sur la vie de tous, même indirectement. C'est le cas de Rosemarie Burger, Afrikaner blanche. Elle est la fille de militants et leaders communistes, luttant pour les droits en général, incluant l'intégration sociale des Noirs. Donc, par la bande, ils luttent contre l'apartheid. Ils seront emprisonnés et mourront en prison, laissant derrière eux une jeune orpheline.

Fille de Burger est davantage un roman sur une protagoniste prisonnière de son héritage familial, des attentes que son entourage entretient à son égard à cause, justement, du long combat de ses parents. À vingt ans, Rosemarie aimerait bien trouver sa voie, prendre ses distances avec son lourd héritage mais tout son univers gravite autour de ces luttes. le pire, c'est qu'elle partage ces convictions même si elle ne sait pas encore comment cela va se traduire. Elle ne peut que continuer le travail de son père, ne serait-ce qu'à sa manière. Ce début m'a plu. On découvre cet univers, la famille et les amis, baignant dans cet univers où l'on discute, politique, démocratie, droits, etc. En même temps, on découvre un peu l'Afrique du Sud. Sa géographie, ses villes, la campagne, les différents groupes ethniques qui le composent (les Noirs ne forment pas un bloc homogène), son histoire récente. Même ses relations avec les pays avoisinants, Namibie, Mozambique, etc.

Malheureusement, malgré cette prémisse qui m'a attiré, les centaines de pages qui composent ce roman m'ont ennuyé rapidement. Ça s'étire, s'étire et s'étire. J'avais l'impression que l'histoire tournait en rond. Rosemarie se promène entre la ferme de son oncle et de sa tante et la ville où elle croise les anciennes connaissances de ses parents, qui deviennent les siennes. Et ils discutent toujours des mêmes choses. Éventuellement, Rosa voyage en Europe mais là aussi elle est entraînée rapidement dans la mouvance des mouvements revendicateurs. Comme si son destin était tracé, qu'elle n'avait de vie en dehors de la politique. Son cercle s'élargit mais on y parle des mêmes problématiques. Ou sinon on l'y ramène. le pire, c'est qu'en Europe les gens parlent de ces problématiques en spectateurs, à bonne distance. La conséquence ? On a droit à des commentaires superficiels comme : « - Quelle expérience ! Se trouver là-bas, en Afrique… » (p. 373) Je ne doute pas que de pareils commentaires soient réalistes et aient pu être dits : ils démontrent l'hypocrisie et l'ignorance des gens. Peut-être que, à l'époque de la sortie du roman, ça a éveillé, choqué, la population mais, plus de trente ans plus tard, c'est plutôt lourd.

À cela, il faut ajouter que Rosemarie est plutôt passive, en réaction à ce qui se passe. Quelques souvenirs qui la ramenaient en arrière ajoutaient un complément d'information sur la vie en Afrique du Sud mais ces rares moments n'arrivaient plus à soulever mon intértêt. J'ai terminé le livre parce qu'il constitue un témoignant pertinent d'une situation à une époque donnée, en espérant qu'elle ne revienne jamais et que d'autres situations d'injustices soient réparées. Il soulève de bons questionnements, dommage qu'il soit si long et que son rythme soit si lent. Ainsi, je ne recommande Fille de Burger qu'à quelqu'un intéressé par cela.
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