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Critique de Cricri124


Une nouvelle âpre, très dure par son réalisme, qui m'a laissé un arrière-gout amer…

Elle s'ouvre sur le passage à tabac de Martha par son mari Grégoire Orlov, un non-événement récurrent qui s'est installé comme une routine chez ce couple. Mais un événement distrayant pour le jeune Siméon Tchijik. Dès les premiers cris, ce gamin débrouillard, « Moitié marmot, moitié adulte », qui « absorbe avidement, comme une éponge fait d'un liquide, la saleté du monde qui l'environne » - et il y en a autour de lui ! -, se rue aux premières loges en ameutant le voisinage pour regarder le spectacle. L'auteur ne s'étend pas sur les détails, il n'en a pas besoin. Ce qui rend cette scène particulièrement monstrueuse, c'est que le lecteur (moi !) y assite par l'entremise de cet attroupement à la curiosité morbide. Pas besoin de plus pour me sentir mal à l'aise…

Une nouvelle âpre donc, qui nous plonge dans des conditions de vie miséreuses, dans la crasse et la puanteur. Les époux Orlov, tous deux cordonniers, s'échinent au travail, résignés, sans perspectives, sans rien pour égayer leur vie. Grégoire se demande souvent à quoi cette vie peut bien rimer.

Rongés par l'ennui, le couple se déchire. Peut être pour se donner l'illusion d'être vivants, eux, qui vivent dans un taudis à demi enfouis sous terre, qu'ils appellent la fosse, comme s'ils étaient déjà « enterrés avant d'être morts ».

Mais une épidémie de choléra va, de manière inattendue, entrouvrir une minuscule archère dans leur tanière. Sera-t-elle suffisante pour modifier leur perception d'eux-mêmes et de la vie ?

Un certain nombre de thèmes cohabitent : la misère, l'ennui dans le couple, la violence conjugale, l'alcoolisme, l'inutilité de la vie mais c'est sans doute la dignité humaine qui est au coeur de ce récit, et elle va prendre une tournure différente selon les individus. Les conditions misérables d'une existence entrainent-elles invariablement les individus plus bas dans la déchéance ? Quels élans poussent certains à lutter tandis que d'autres baissent les bras ?

Il est un peu dommage que la fin ne soit pas à la hauteur du reste. L'apparition soudaine d'un narrateur extérieur pour introduire l'épilogue n'est d'après moi pas très heureuse.

Les personnages, en revanche, sont dépeints avec beaucoup de justesse, sans jugements, ni bons, ni méchants (quoique cela puisse se discuter), avec leurs travers, leurs doutes et leurs certitudes, juste des hommes malmenés par la vie qui cherchent une voie, qu'elle soit bonne ou mauvaise.
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