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Critique de Fanny1980


Tireur embusqué est un roman poignant qui raconte, à travers le regard d'un adolescent, la destruction d'un pays en guerre, la Syrie, et le déracinement quand l'immigration, ici au Québec, devient le seul choix possible pour la survie.

Shams, originaire d'une famille aisée d'Alep, va être envoyé chez sa tante à Montréal quand les affrontements et risques de représailles ne laissent plus d'espoir. Durant son premier hiver sous la neige, une bagarre avec un autre lycéen l'oblige à consulter un psychologue pour éviter l'exclusion de l'école. A travers ces séances, Shams va se remémorer sa vie en Syrie, son amour d'enfance, la violence des combats. Avec de nouvelles rencontres, il découvrira qu'il n'est pas facile d'être adolescent où que l'on soit et qu'avoir un foyer aimant est fondamental pour se construire.

Jean-Pierre Gorkynian, dont c'est le deuxième roman, est un auteur né au Québec, d'origine syrienne, ce qui lui permet de nous immerger dans cette double culture et de donner une belle profondeur à ses personnages qu'ils soient nés à Alep ou à Montréal.

Que ferions-nous si nous devions quitter notre maison ? Il est difficile d'intégrer de nouveaux codes, de développer de nouvelles relations. Jean-Pierre Gorkynian aborde ces sujets à travers les liens que Shams noue avec les autres, sans porter de jugement, mais en insérant différents points de vue.

Quels effets les meurtrissures de l'enfance peuvent avoir sur un adolescent ? A travers Tireur embusqué, c'est également le thème de la construction de la personnalité qui est abordé. Au-delà de Shams, on ne peut que s'attacher à Kevin, celui qui va vite devenir son ami à la vie à la mort, un jeune rejeté par un milieu familial dysfonctionnel, mis à l'écart par les autres élèves, qui ne trouve un peu de réconfort que chez son dealer en qui il voit le grand frère qu'il aurait aimé avoir.

Tout le récit est également jalonné par la question de la place de la violence dans nos sociétés : est-elle réservée aux zones de conflit ou un pays en paix peut-il connaître ses propres turbulences ?

Ce récit, qui a été finaliste du Prix des Collégiens du Québec en 2021, est très riche et je ne peux que vous le conseiller pour aborder différemment la guerre en Syrie. Ce très beau roman restera pour moi, dans une approche thématique, une référence à côté de l'oeuvre graphique L'Odyssée d'Hakim et de l'essai Les passeurs de livres de Daraya.
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