Magnifique déclaration d'amour bouleversante de l'auteur à celle qui est sa femme depuis soixante ans. Le philosophe davantage connu pour ses écrits sur le capitalisme et l'écologie politique veut en 2006 réparer une injustice. Il a traité son épouse avec une "condescendance désinvolte", l'a présentée sous un jour peu favorable, dépendante de lui alors qu'elle était extravertie, autonome, que son amour lui a permis de se construire lui, de se découvrir et d'écrire une oeuvre. Pourquoi a t-il été injuste ? D'abord écrit-il pour donner une image positive de lui-même, parce que la littérature aime l'esthétique de l'échec et de l'anéantissement, enfin car avoue-t il, il n'aimait pas l'aimer, l'amour étant vécu dans les années 1950 comme une faiblesse pour un communiste, l'amour étant symbole d'un sentiment individualiste et petit bourgeois face à la défense des idées politiques, d'une construction collective ! le couple s'est suicidé en septembre 2007, son épouse étant atteinte d'une maladie grave, incurable, douloureuse et évolutive liée à une intervention médicale précédente.
"Nous aimerions chacun ne pas survivre à la mort de l'autre. Nous nous sommes dit que si, par impossible, nous avions une seconde vie, nous voudrions la passer ensemble" constitue la dernière phrase terriblement prémonitoire de l'ouvrage.
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