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Critique de Eric75


Avec ce 5ème album de la série, pré-publié en 1963 dans le journal Pilote et sorti en 1965, Goscinny et Uderzo imaginent une histoire culte que chaque lecteur conservera longtemps en mémoire. Je me souviens d'avoir été totalement fasciné étant enfant par le scénario très structuré et planifié (au sens propre : un plan dessiné à la va-comme-je-te-pousse par Astérix avec douze cailloux et un tracé dans l'herbe avec un bâton, donne dès la page 9 une idée du futur déroulement de l'histoire). J'en tirai aussitôt la conclusion qu'Astérix était super balèze en géographie, pour retenir ainsi l'emplacement des villes où il ne s'était sans doute jamais rendu, et que Goscinny aimait les cartes de France (c'est la troisième après celle représentée sur la couverture de l'album et la carte classique de toute la Gaule occupée page 3). La route étant ainsi tracée, le Tour de Gaule d'Astérix est sans doute le premier road-movie qu'il m'ait été donné de lire.

Cet album fleure bon la gastronomie française, les spécialités locales de nos terroirs, les congés payés et la route des vacances (la fameuse Voie Romaine VII), et même le Tour de France cycliste jalonné par ses étapes. On ne rappellera pas ici les régions traversées ni les spécialités collectées, on les retrouve toutes décrites dans la page Wikipédia consacrée à l'album.

Tout commence dans le camp romain de Petibonum, où nous retrouvons une vielle connaissance, le centurion Gracchus Nenjetépus déjà rencontré dans le précédent album Astérix Gladiateur. le centurion reçoit cette fois l'inspecteur général Lucius Fleurdelotus, envoyé spécial de Jules César, un emmerdeur comme on peut s'en douter. Ce dernier exige dans un premier temps une attaque en bonne et due forme du village qui se solde bien entendu par une défaite cuisante pour les Romains. Puis, il donne l'ordre d'entourer le village par une immense palissade pour isoler ses habitants du monde extérieur. La stratégie du « mur » est bien connue et a fait beaucoup d'émules, on trouve encore de nos jours des dirigeants sur la planète qui adorent le concept. Astérix lance alors un défi aux Romains, l'organisation d'un Tour de Gaule gastronomique, et profite ensuite d'une diversion organisée pour s'échapper du village avec Obélix, qui, au lieu de porter son traditionnel menhir, portera le sac à provisions à remplir tout au long de leur périple.

Les jeux de mots pullulent, quelques exemples parmi d'autres : « soit bon comme la Romaine » (page 12) ; « Gaulois, ce sont vos dernières bêtises ! » (Page 15) ; « J'ai cassé une roue sur ces pavés infernaux » (Page 17, allusion à la course cycliste et à l'enfer du Nord, qui est quoi qu'on en dise, pavé de bonnes intentions) ; « – Comment s'appelle cette ville ? – Divodurum. – N'essaie pas de m'amadouer ! Non, je ne veux pas de rhum ! » (Page 21) ; « …35, 36. le compte est y est ! » (Page 43, allusion à l'expression « voir trente-six chandelles » d'ailleurs représentées à l'image) ; « J'espère seulement qu'ils ne vont pas nous laisser en rade ! » (Page 46, dans la rade de Gésocribate, alias Brest) ; et, pour finir en beauté, le jeu de mot sur la spécialité du village : « La châtaigne ! » (Page 48).

Notons également une référence évidente (et rare dans la série) à la seconde guerre mondiale : à Lugdunum (Lyon), des résistants clandestins s'organisent pour contrer les forces d'occupation romaines en les perdant dans les traboules, facilitant ainsi la fuite d'Astérix et Obélix. Toujours à Lugdunum, une autre allusion concerne l'affaire du courrier de Lyon, dont on n'a pas fini d'entendre parler !

Au rayon des nouvelles caricatures, on trouve Peter Ustinov qui joue dans le péplum Quo Vadis et prête ses traits au préfet de Lugdunum Encorutilfaluquejelesus. Par ailleurs, l'ensemble des joueurs de cartes du film Marius (Raimu et ses acolytes) aident nos héros à échapper aux garnisons romaines de Massilia (Marseille), en organisant une partie de boules.

Poursuivons avec notre exercice traditionnel de comptage des personnages féminins visibles dans l'album. Deux femmes discutent devant une chaumière sur la première vue du village (Page 6). Une femme qui balaye devant sa porte donne une réponse évasive (de Normand) aux Romains (Page 11). La femme de Faimoiducuscus, prénommée Flavia, fait une croisière romantique pour fêter l'anniversaire de son mariage (Page 12). Deux Lutéciennes sont coincées dans les embouteillages de la voie romaine VII, sur la route du « Grand Repos » et une paysanne moissonnant près de Nicae (Nice) observe les vacanciers bloqués (Page 28). A Nicae, deux jolies Niçoises promènent un tout petit chien sur la Promenade des Bretons, et une vacancière allongée sur la plage se plaint de nos Gaulois sans-gêne (Page 29). A Massilia, devant la Taverne des Nautes, Eponine, la femme de César Labeldecadix, flatte Obélix et lui apporte la bouillabaisse à emporter (Pages 31 et 32). A Aginum (Agen), des passantes dans la foule observent l'affiche de mise à prix des fugitifs, d'autres acclament nos héros le long de la route du Tour de Gaule (Page 37). Aucune femme n'est présente lors du banquet final.

Cet album est celui qui introduit le petit chien pas encore nommé Idéfix, qui poursuit nos deux héros depuis Lutèce, mais sans que ceux-ci fassent mine de s'en apercevoir. Quand Obélix l'aperçoit enfin, c'est à la toute dernière page. Lors du banquet, Idéfix récupère d'un air victorieux un os qu'il semblait attendre depuis le début, devant la charcuterie de Lutèce servant le jambon de Paris. Sur la même dernière image, Assurancetourix subit son sort habituel, et Fleurdelotus, qui a perdu son pari, se remet doucement de son indigestion de châtaignes et devra rentrer à Rome.

En guise de conclusion, disons simplement que je ne peux plus m'arrêter à ce stade et que je vais donc poursuivre ma lecture chronologique de la série, avec d'autres critiques à la clé... Ad gloriam, ad honores * (* « pour la gloire, pour les honneurs »).
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