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Critique de Tubabasse


Oh, le bel album !
Que Franquin nous ait habitués à constater son génie, c'est une histoire qui a duré. Là, il est le fer de lance du propos, et c'est rudement bien fait, d'autant qu'il n'aimait pas trop qu'on parle de lui.
On oublie souvent que les bandes dessinées, à leur début, n'avaient en aucun cas occulté le côté pédagogique de la liaison texte dessin. Certes, dans notre société où les images déferlent telles lames océanes, cela peut paraître bien désuet. Et pourtant ! Dans les années 50, le procédé s'est renforcé. Les premiers Lucky Luke, par exemple, comprenaient des pages très instructives sur l'histoire de l'Ouest américain, la plupart du temps en prenant pour axe l'inspiration même de l'aventure du héros solitaire. On y découvrait des personnages, bien entendu, mais également des traditions, des paysages, et tant d'autres choses.
L'aventure littéraire et graphique de Modeste et Pompon semble beaucoup moins peaufinée. Différents articles nous éclairent sur les différends entre Franquin et ses employeurs, origine de cette BD a priori. Franquin apportera aux éditions du Lombard, grandes rivales de Dupuis, et ce pendant peu de temps, deux personnages presque bâclés : Modeste, une sorte de VRP un peu vantard, qui se veut résolument moderne, et Pompon, sa compagne, ainsi nommée par Franquin parce qu'elle avait des pompons dans les cheveux. L'un des noms constitue une litote et l'autre un raccourci. Curieux couple, non ? (Couple, d'ailleurs, qui, a priori, n'habite pas sous le même toi)
Pourtant, et comme d'habitude, le trait ne manque pas de charme. C'est vif, coloré. Ça fait penser aux pubs des journaux de l'époque, avec ce langage si particulier des premières publicités, alors dénommées « réclames ». Les coiffures, les chaussures, les fringues, ça fait drôle, mais pourtant, ce jeune couple reste un jeune couple beau, intemporel, amoureux, élégant autant qu'attentionné. Et puis, ce n'est pas si facile de rendre le quotidien intéressant, quelle que soit l'époque.
le magnifique album regroupe, outre les cinq albums du jeune couple belge, des articles et photos. Un superbe historique panoramique des années 50. Franquin le peaufineur intègre effectivement, dans sa bande dessinée, des meubles, des intérieurs de l'époque, des voitures et des vêtements. Vu plus de soixante ans après, c'est incroyablement intéressant et tout à fait habituel de ce perfectionniste avéré.
On nous laisse entendre, dans les propos rassemblés et autres témoignages, que le père de Gaston ne s'est investi que très partiellement dans ses deux personnages Modeste et Pompon. On apprend aussi que le dessinateur appelait régulièrement d'autres travailleurs de la BD pour alimenter ses gags, et non des moindres : Greg, Goscinny … On comprend aussi la somme monumentale de travail de tous ces pionniers du huitième art et l'exploitation pas toujours droite des directeurs de leurs maisons d'édition.
Gaston semble infiniment plus coller à son auteur, viscéralement. Un Franquin rêveur, un brin écolo, bienveillant et incapable de la moindre violence. Spirou et Fantasio constituent l'aventure, une aventure parsemée de gags et d'explosions diverses. Leurs qualités ont conquis le monde entier.
Lisez quand même les aventures de Modeste et de Pompon !


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