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Critique de Nastasia-B


Supplique, essai, pamphlet, comme vous voudrez, pour dénoncer tous ceux, de tout temps, de tout poil et de partout, qui essaient de justifier des discriminations entre les êtres humains sur la base de caractères morphologiques.
Stephen Jay Gould dénonce surtout la craniométrie, sorte de pseudo-science mise en lumière par l'anatomiste français Paul Broca au XIXème siècle (voilà un triste privilège pour nous autres Français) mais pas seulement.
Ce qu'il souligne, c'est que certains lobbies essaient de s'appuyer sur une prétendue science pour obtenir des arguments « irréfutables » qui justifieraient « biologiquement parlant » telle ou telle place inférieure ou infamante dans une hiérarchie sociale comme, par exemple, la taille moyenne du cerveau des femmes inférieure à celle des hommes qui légitimerait qu'elles demeurent éternellement sous la tutelle d'un mari.
L'auteur explique, selon moi de manière convaincante, que si l'on s'arrête au fait brut et mesurable, effectivement, il y a une différence mais que la taille du cerveau est étroitement corrélée à la taille corporelle, or les femmes sont en moyenne plus petites que les hommes. Si l'on corrige cette donnée brute « taille du cerveau » par cette autre donnée brute « taille corporelle », on se rend compte que plus aucune explication liée au sexe n'explique les différences résiduelles.
De même, ceux qui se sont attachés à disséquer le cerveau des « hommes d'exception » comme Albert Einstein ou quelques autres ont fait chou blanc dans ce domaine. Plus encore, certains, comme Anatole France, pour ne citer que lui, avaient une taille de cerveau curieusement petite et très en-dessous du volume cérébral attendu par les craniologues.
Gould passe en revue les grands classiques du genre comme les comparaisons entre hommes de type négroïde et chimpanzés, faisant passer ce groupe ethnique pour le « chaînon manquant » entre les grands singes anthropoïdes et « l'homme moderne » (à savoir dans leur tête, l'homme blanc occidental) justifiant l'état d'asservissement de tout un continent et la « normalité » de l'esclavage à leur égard, de même que le fameux « type juif », ou encore les montreurs de monstruosités (la vénus hottentote), les tests de QI et j'en passe.
L'une des conclusions de Gould est que ces mesures, qu'elles concernent les attributs physiques ou l'intelligence, ont toujours comme point commun que le seuil le plus élevé d'excellence est toujours atteint par les inventeurs ou commanditaires de ces mesures. Étonnant, non ?
Mais gardons-nous bien de vouloir mesurer le degré d'égocentrisme, de racisme, d'imbécillité ou de tout autre caractère de nature à dévaloriser ces « chercheurs » parfois honnêtes, piliers de l'eugénisme, ferment de tant de dérives discriminatoires (au premier rang desquelles la folie nazie), sous peine de nous abaisser en tant qu'êtres humains doués de tolérance à la diversité humaine et de nous embourber dans les mêmes travers que ceux qu'on voudrait montrer du doigt. On aurait vite fait de retomber sur le fameux débat sur la peine de mort : faut-il tuer les criminels au risque de le devenir nous-même ? Je vous laisse méditer là-dessus, et d'ailleurs, tout ceci n'est que mon avis, celui d'une femme dont le cerveau est notoirement plus petit que celui d'un grand penseur mâle, c'est-à-dire, pas grand-chose.

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