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Critique de Lazlo23


Melvil Dewey (1851-1931)… Si vous n'êtes ni bibliothécaire ni documentaliste, ce nom ne vous dit sans doute pas grand-chose. Et pourtant, comme le signale en quatrième de couverture le joyeux petit livre de Thierry Goulois, « tous ceux qui fréquentent les bibliothèques l'ont forcément rencontré, au moins sous la forme d'une cote sur la tranche d'un livre. » Eh oui, c'est ce Dewey-là (à ne pas confondre avec John, son compatriote philosophe) qui a inventé la classification décimale Dewey (ou CDD) permettant, à l'aide d'une suite de chiffres, de classer n'importe quel ouvrage en fonction de son sujet.
Par exemple, si vous avez un livre sur le « design », il vous faudra lui affecter l'indice 745.2 (Création industrielle. Design), tandis qu'un ouvrage traitant des « lavabos » sera classé en 696 (Plomberie). Autant dire que pour les bibliothécaires (et les documentalistes), Melvil Dewey, c'est un peu comme Euclide pour les mathématiciens ou Newton pour les physiciens : une sorte de père fondateur.
D'ailleurs, il ne s'est pas contenté d'élaborer sa « célèbre » classification ; on lui doit aussi la fondation de la première école de bibliothéconomie (après l'École des Chartes, tout de même !), celle de la première association professionnelle ou bien encore la création de la première revue consacrée entièrement aux bibliothèques...
Pour mieux connaître ce génie méconnu, il n'est pas de meilleur guide que ce petit livre qui, de manière libre et hilarante, nous fait découvrir les bons côtés du personnage (son action en faveur des femmes, par exemple) mais aussi ses bizarreries et même ses zones d'ombre, comme son antisémitisme forcené.
En bon bibliothécaire, Thierry Goulois s'amuse à confronter la vie de l'homme à son oeuvre majeure : c'est ainsi qu'il émaille la biographie de Dewey de commentaires décalés et loufoques, issus de sa propre classification.
Voici par exemple comment il raconte la naissance du petit Melvil :
« 10 décembre 1851, 23 h 23, hôpital d'Adams Center… Sous un éclairage blafard, allongée sur un lit métallique, Eliza ressent de douloureuses contractions [618.5 (Accouchement avec complications)] et attend courageusement la délivrance en feuilletant un vieux numéro de Pogues Magazine. Mais comme sur les routes enneigées et glacées des monts Adirondacks, dont il sera souvent question au cours de ce récit, le col reste désespérément fermé. En salle de travail, à ses côtés, toute l'équipe médicale est lasse. Déjà 35h [344.01 (Droit du travail)] qu'Eliza a perdu les eaux [386.3 (Rivières et fleuves)]. La nature, paraît-il, ayant horreur du vide, Mlle Robinson, l'infirmière principale, fait monter quelques bières fraîches et des sandwichs, la nuit promettant d'être longue. La tension est palpable, les visages suent et s'empourprent. On scande des « Allezzzz ! », des « Poussez ! » [796.48 (Jeux Olympiques)], on va même jusqu'à tenter une « ola » : en vain. »
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