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Critique de Meygisan


Le scénario suit sa route presque logique, logique entamée dans le tome 1. L'on voit toute l'intelligence de Loki pour manipuler son frère Thor, s'octroyer ses pouvoirs et déclencher sa vengeance, sa folie. Ca il est bien question de vengeance ici et vengeance rime avec trahison. Ces deux sentiments rythment à bon train la bd, et ce rythme éffréné est servi par une bonne dose de violence et de sang. Dans ce premier tome, Thor nous avait prévenu: "les nains aussi savent faire couler le sang".
Les histoires s'entremêlent toujours de manière intelligente, nous révélant peu à peu les liens qui les unissent, nous ammenant progressivement vers la conclusion. Mias il se passe tellement de choses dans ce tome 2 que cela en devient trop dense pour tenir en un seul volume. Un tome 3 n'aurait pas été de trop tant j'ai l'impression qu'Olivier Péru peine à faire contenir son histoire dans ce dyptique. J'ai parfois même l'impression qu'il la bâcle pour qu'elle tienne dans les 56 pages.
Je ressent surtout cela dans le traitement des 3 personnages principaux, les trois frères divins, Thor, Loki et Balder. Spécialement dans celui de Balder, sensé être le dieu de la sagesse, de l'amour et de la lumière. Je trouve son revirement de personnalité plus que discutable. Au nom de la sagesse, il est concevable de considérer cette divinité comme prête à tout pour sauver son royaume d'Asgard, y compris d'aller jusqu'à la trahison fraternelle. Mais le revirement se fait trop vite, trop brutalement et trop facilement. Sans doute est ce pour servir au plus vite l'histoire et mettre ainsi en exergue la rivalité entre les frères et accentuer la puissance de Loki, capable à ce point là du récit de manipuler même le dieu de la sagesse. Ce personnage et sa position et donc son importance auraient valu quelques pages supplémentaires afin d'approfondir ce revirement.
Le traitement d'Odin est également à mon goût plus qu'insuffisant et décevant. Au final, il n'est présenté que comme une divinité vieillissante, dont la vie ne tient qu'à un fil, littéralement. Il y a d'ailleurs à travers ce fil, confusion entre les Nornes et les Moires grecques. Les Nornes tissent le destin de tous les êtres qui peuplent les 9 royaumes; elles le gravent sur du bois. Le tissage est plus un symbole qu'un véritable attribut et l'origine du mot "norn", incertaine, pourrait être dérivée d'un mot signifiant "tresser", et ainsi se référer au fait qu'elles tissent les fils du destin mais, dans les légendes nordiques, jamais il n'en n'est question. Contrairement aux Moires ( les Parques romaines), qui elles, tissent, déroulent et coupent le fil de la vie de tous les mortels. Mais passons, ce n'est qu'un détail...
Odin donc, qui a vaincu les Géants en les pétrifiant et qui le restent uniquement parce qu'il garde leur pouvoir en lui, ce qui témoigne de sa puissance, est réduit à néant par ce simple fil. Facilité, raccourci scénaristique...!? Je ne saurais le dire.
Alors je ne dis pas qu'il s'agit là d'une mauvaise bd. Loin de là. Je dis simplement que je suis déçu par le traitement, par les choix d'Olivier Péru dans la manière d'utiliser les figures légendaires, de leur symbolisation et de leurs attributs pour servir son histoire, et de leur caractérisation, ainsi que par sa conclusion trop bâclée à mon goût. Pourquoi ne pas avoir écrit une trilogie....?
Sinon je reconnais là tout le talent de cet auteur et confirme mon intérêt à son égard. Dans Mjöllnir, il pose très clairement la question de l'identité. Identité individuelle et culturelle. La recherche et l'affirmation de notre identité, quelle qu'elle soit, passe par la reconnaissance, la lutte et l'acharnement à faire reconnaître son individualité et donc son authenticité. Malgré tous les pouvoirs qu'on lui reconnaît, son héros, Thor, se revendique nain et père avant tout. Et Olivier Péru a choisi un nain, un petit être pratiquement sans importance, qui n'a pas oublié ses racines, pour cristalliser le combat que nous devons mener pour nous distinguer "de la masse"....

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