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Critique de H0rage


Je viens de finir ce roman, sur lequel je ne me serai jamais arrêtée si l'auteur n'était pas venu faire une intervention dans ma petite médiathèque locale. Sans être ni spécialiste ni puriste dans le domaine, j'aime bien la science-fiction ou comment, au-delà de la création de mondes et d'univers nouveaux, les auteurs mettent finalement l'être humain en face de lui-même, de ses propres interrogations, de ses propres contradictions, comment ils questionnent, souvent de façon très philosophique, notre propre humanité.
Le roman de Raphaël Granier de Castagnac s'inscrit dans cette veine. le Virus a décimé l'humanité (plus méchant que le Covid-19 quand même, rassurez-vous), et les derniers êtres humains vivent dans une bulle hermétiquement fermée sur l'extérieur, bien à l'abri et dirigée d'une main de maître par le Processeur, sorte de super intelligence artificielle qui prend toutes les - nécessairement bonnes - décisions. Ça sent quand même un peu le déjà-vu cette histoire de Processeur, mais passons. Et puis un jour, c'est le drame : la Panne ! le Processeur s'arrête. Comment continuer à vivre quand votre dieu protecteur vient de passer l'arme à gauche, telle est l'(intéressante) question. L'auteur tente d'y répondre en marchant dans les pas de trois personnages bien distincts : Sean, un DJ clandestin incarnant une certaine subversivité quant à l'ordre établi, partisan de la déconnexion ; Ange, chef des brigades externes, ceux qui sortent harnachés comme des baudets à l'extérieur de la bulle pour assurer des missions de sécurité (les mutants rôdent …) qui va se retrouvée coincée à l'extérieur ; Gina, employée en charge du Processeur, capable de converser longuement avec lui sur tout et rien, traumatisée par la perte de celui qu'elle considère comme un ami, voire un amant...
De bonne idées qui tombent un peu à plat à cause du traitement. le roman en fourmille (d'idées), sur l'organisation de la société, la politique, l'art, notre rapport aux machines … mais elles auraient mérité un traitement bien plus approfondi. Les élections organisées suite à la Panne, notamment, invitaient à un développement intense sur différents modèles politiques. On ne fait malheureusement que survoler tout cela, au travers de personnages peu approfondis. Les personnages secondaires qui auraient pu donner de l'épaisseur au roman, sont tellement relégués à l'arrière-plan qu'on aurait tendance à les oublier (d'ailleurs, j'ai eu le plus grand mal au jeu du qui est qui ?), sauf peut-être Picasso, le gourou chef de file des déconnectés .
Autre problème de traitement : il ne se passe tout de même pas grand grand chose. Certaines scènes sont au mieux répétitives (Sean va mixer dans un hangar, Sean va mixer dans la rue, Sean va mixer dans sa cellule communautaire …), au pire grotesque (les scènes de sexe notamment, totalement inutiles).
L'auteur a confié lors de son intervention ne pas aimer les longues descriptions, et avoir écrit de manière très “cinématographique”. C'est là (à mon humble avis) où le bât blesse : un roman, c'est pas une série Netflix. Les descriptions y sont utiles afin de permettre au lecteur de se créer une image mentale, et les personnages ont psychologiquement droit à un peu de subtilité.
Arrivée à la révélation finale (long monologue particulièrement indigeste), je me suis dit : tout ça pour ça !
Un roman bancal, dont les bonnes idées sont noyées sous un traitement inadapté.
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