Pour la première fois depuis des mois, j'essayai d'ouvrir mon hublot. Il résista quelques minutes, grippé par la rouille. Mais finalement, l'air frais s'engouffra dans ma cellule en même temps que les bruits nouveaux qui m'avaient enchanté une heure et demie plus tôt et m'angoissaient maintenant. Je passais les épaules et la tête dans l'ouverture, bientôt rejoint par Kyra, qui dut coller son corps nu contre le mien, nu également, pour espérer voir ce qui se déroulait à l'extérieur.
L'humanité d'alors, bien qu'extrêmement riche et puissante, ne semblait pas se soucier de son avenir à long terme. A moins qu'elle n'ait eu une confiance aveugle en sa capacité à résister à toutes les menaces, qu'elles soient naturelles ou artificielles.
Immédiatement, j'essayais de lui parler. Sans succès. J'ouvris le capot pectoral. Son niveau d'énergie était au plus bas. Il était en veille. Seuls ses sens fonctionnaient. Son œil noir était comme un gouffre insondable s'abîmant quelque part dans le Processeur.
En me réveillant ce jour-là, je sentis que l’aube nous avait apporté l’impossible.
Son œil noir était comme un gouffre insondable s'abîmant quelque part dans le Processeur.
Prions, mes frères d'infortune. Prions car nous avons fauté. Le Processeur nous a quittés, mais il ne nous a pas abandonnés. Ses dernières paroles l'attestent. Il nous observe et nous devons le satisfaire.
Nous nous couchons sur la plage, je me love contre lui, heureuse. Depuis des jours, je cherche cette liberté. Depuis des siècles, aucun couple ne s'est aimé ainsi.
Vous n'étiez que les marionnettes du Processeur. Tout cela est terminé. Aujourd'hui, vous devenez des citoyens ordinaires.
Un jour, j'avais décidé de ne plus jamais avoir peur.