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Critique de montmartin


Yannick Grannec nous entraîne au coeur d'une communauté religieuse de femmes au XVIe siècle, laquelle doit son autonomie et sa prospérité aux talents d'herboriste de soeur Clémence, sa doyenne. Soeur Clémence utilise les plantes médicinales telles qu'elles sont fournies dans la nature d'où leur nom de « simples ». Une communauté qui en apparence vit paisiblement, mais à y regarder de plus près, elle est rongée par l'ambition et l'inimitié, les mesquineries, les rivalités de couloir, les convoitises, les désirs refoulés, les arrangements, les secrets dérisoires. En plus à l'extérieur l'évêque manigance, avec la bénédiction du roi, il espère obtenir la tutelle sur cette abbaye, et mettre la main sur les bénéfices.

Une accusation de séquestration, de sorcellerie, de perversité, d'empoisonnement, et même de viol va venir troubler cette belle harmonie.

Un roman ponctué de recettes de baumes et autres élixirs et de légendes. Chaque tête de chapitre est accompagnée d'un dicton. J'ai apprécié la manière habile dont l'auteur nous fait pénétrer dans ce vase clos qu'est cette communauté où personne n'a accès et petit à petit les caractères de chacun se révèlent. L'ambition et la cupidité de certains, la perversité et le vice des autres. Yannick Grannec nous décrit cette organisation où chacune a un rôle précis. La chancelière qui tient les registres du monastère, la tourlière chargée des relations avec les visiteurs, la cellière qui gère les approvisionnements.
Un récit parfois truculent, sur fond de guerre de religion, à une époque où le pape avait un fils et où les évêques se prélassaient dans le lit de leur maîtresse. Les pères se débarrassaient de leurs filles laides ou sans dot dans les couvents. Traitées comme des domestiques, leur labeur payant leur séjour dans l'abbaye.
« La petite noblesse abandonne à Notre-Dame du Loup les filles trop laides ou trop simplettes pour compenser la pauvreté de leur dot, et s'y soulage du surplus de vierges comme on remise les pots inutiles. Ces faibles créatures se plient au désir des pères. Un pot ne s'oppose pas à son usage. »

Mais ce roman devient terrible quand les inquisiteurs soumettent à la question des innocents pour leur faire avouer les pires maux. Une écriture simple, pleine de gouaille pour une histoire très prenante.

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