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Critique de jean_reve


Quand Mao arrive au pouvoir, il décide que l'Everest (8 848 m) sera conquis par la voie tibétaine et qu'ainsi, il sera intégré à la nouvelle République populaire. Conquérir le Qomolangma (nom chinois de l'Everest) est donc une affaire d'État, une performance politique plutôt qu'alpine.
La Chine n'avait pas d'expérience de la haute montagne, deux centaines d'hommes, uniquement des bons maoïstes, des prolétaires robustes. Sans expérience de la haute montagne, ils furent entraînés par des Soviétiques et durent s'acclimater. L'expédition devait avoir lieu en mars 1959 pour fêter le dixième anniversaire de la République populaire, mais le soulèvement des Tibétains qui fut maté dans le sang, la retarda. En mai 1960, la conquête est lancée. Seule "une cordée d'assaut" composée de Xu Jing, Liu Lianma, Wang Fuzhuou, QuYinhua, et du Tibétain Gonpo s'approchera du sommet. C'est Gonpo Dorge qui déploiera le drapeau rouge avec ses cinq étoiles et déposera le buste de Mao. Dans son rapport, le chef de l'expédition, Shi Zhanchun, affirmera que "c'était la lumière brillante du président Mao Zedong qui donnait une force sans bornes et la sagesse" à ces hommes. Mais sont-ils réellement parvenus au sommet de l'Everest, on peut en douter puisqu'aucune preuve atteste cette conquête et qu'on ne peut se fier aux récits officiels rédigés à Pékin.
Cédric Gras n'a pu consulter des sources originales, mais des traductions de documents écrits en mandarin. En prenant de nombreuses précautions, il a reconstitué l'histoire de l'alpinisme chinois en croisant ses sources avec d'autres découvertes dans des documents russes datant de la collaboration avec les Chinois et quelques témoignages directs. La propagande maoïste est telle qu'elle ne peut reconnaître que l'Everest a été vaincu en 1953, par la voie népalaise, par l'Anglais Edmund Hillary et le sherpa Tenzing Norgay. Et Cédric Gras d'écrire que "l'himalayisme maoïste est avant tout politique et non une liberté d'Occidental épris d'altitude" et "Il n'est même pas qu'une affaire de gloire et d'exploit patriotique. C'est une conquête militaire d'un territoire jusqu'à ses éminences les plus vertigineuses".
Pendant la Révolution culturelle, les expéditions s'arrêtèrent, considérées comme inutiles et bourgeoises. Les héros de l'alpinisme d'altitude finirent leur vie dans des camps de rééducation, sauf Xu Jing. Ce n'est qu'en mai 1975, que neuf alpinistes mieux atteignirent réellement l'Everest.
Ce que raconte Cédric Gras, ce n'est pas seulement l'épopée grandiose de l'alpinisme chinois, c'est aussi un pan de l'histoire politique et idéologique de la République populaire, de ses excès, de sa violence, de sa brutalité, de ses mensonges. Il le fait avec un art maîtrisé de la narration, en maintenant le suspense sur l'issue des expéditions et le devenir des alpinistes. Son récit est passionnant à lire.
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