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Critique de Levant


Levant
29 décembre 2019
L'autre est une énigme. Et le restera, à jamais.
L'autre c'est celui que l'on a en face de soi et dont on ne connaît rien des pensées. Un inconnu, quoi qu'il advienne, aussi longtemps que dure la mise en présence, même lorsque l'intimité unit les corps.

Mais l'autre ce pourrait aussi bien être celui ou celle que l'on voudrait devenir, pour ne plus être soi-même. Pour ne pas avoir à assumer ses propres égarements. Un autre vertueux, libre de se présenter à la face du monde dans une virginité restaurée.

L'autre, ce pourrait être encore cette instance supérieure à qui on attribue la responsabilité de notre propre existence sur terre et que certains veulent appeler Dieu. Celui qui est là sans l'être, en tout et partout. Celui en qui il faut croire, sans le voir ni l'entendre autrement que par les paroles qu'on lui attribue. Celui qui serait amour pour Sa créature, affirment les convaincus qui veulent se rassurer quant à leur propre destinée.

Mais l'autre sera plus surement celui ou celle qui vous témoigne une once d'intérêt quand la vie vous a projeté dans les eaux noires et glacées de l'indifférence. Celui ou celle dont même l'absence est réconfortante car il reste une pensée lointaine.

Karin sort de la guerre avec la honte d'avoir sympathisé avec l'ennemi. Elle est l'une des deux voix de ce roman. En l'autre elle cherche un point d'ancrage dans la vie, un recours contre un désert affectif infligé.

L'autre est un excellent roman psychologique de Julien Green dans lequel amour et délaissement se fondent en un vortex de perdition. L'espoir n'y fait que de brèves apparitions, il reste aussi illusoire que le recours à une foi chancelante. Sempiternelle incompréhension du monde habité par tant d'autres peu secourables. Enfermés qu'ils sont eux-mêmes dans leur propre ignorance de l'autre.

Mais la compréhension est-elle nécessaire pour vivre avec l'autre ? : "si je pouvais seulement te serrer contre moi, tu sentirais le temps s'abolir dans l'amour… je te donnerai la chaleur humaine qui endort la souffrance."
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