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Critique de Myiuki


Voilà un roman somme toute original et qui sort assurément du lot. Après l'avoir lu, vous ne verrez plus jamais les maths de la même manière. Même s'il n'a pas réussi à me guérir de mon allergie aux questionnements fondamentaux qui régentent les mathématiques, ce livre aura au moins réussit à me faire rire (l'humour de l'auteur et de ses personnages est vraiment le point fort du roman à mon avis - voir les notes en bas de page notamment) et à me faire croire en un sentiment universel : l'amour. Eh oui, qui aurait cru que les chiffres et les sentiments pouvaient être à ce point liés ? Une plongée dans le monde d'un surdoué pas comme les autres et une virée en bagnole, ça vous dit ? Alors, suivez le guide !

Ce que j'ai aimé dans ce roman, c'est son concept : suivre un garçon surdoué qui vient d'avoir son bac et de se faire plaquer pour la dix-neuvième fois essayer de remonter la pente en partant pour un road trip avec son meilleur ami qui est l'optimisme incarné. Je me suis dit que déjà, il y avait là trois idées intéressantes. Tout d'abord, le côté surdoué, c'est vrai que l'image d'un garçon au QI surélevé ne tape pas dans le glamour en général et il faut dire que Colin, notre petit génie en herbe n'a rien d'un beau gosse qui fait craquer toutes les filles : lunettes, cheveux hirsutes et bizarrement frisés, plutôt maigrichon, totalement égocentrique, hum, ça laisse à désirer tout ça, au début, j'ai eu un peu de mal à m'y attacher à ce personnage, c'est venu progressivement, par son côté décalé, son humour et ses yeux verts ! Ensuite, il y a le côté "l'éternel largué", le champion des râteaux, j'avoue, de suite, on éprouve une grande compassion pour Colin, et on se demande bien comment il a pu se faire larguer 19 fois de suite. Un mystère à résoudre, voilà qui devient intéressant ! Dernier points, il y a le road trip, que j'imaginais un peu déjanté, comme un "Sur la route" à la Kerouac, après tout, nous sommes aux États-Unis ... là par contre, j'ai été déçue, j'expliquerai plus tard pourquoi. Donc, un bon début, des bonnes idées, déjà, ça part bien !

Donc je disais, surdoué. Colin a effectivement toutes les extraordinaires capacités qu'on attend d'un surdoué : il cite des faits, des dates, des noms, des lieux, en permanence, ce qui émane du fait qu'il a une mémoire hors nomes. Sa particularité à lui, c'est son goût pour les anagrammes, il anagramme tout et n'importe quoi, c'est surtout pour lui une façon de se dé-stresser, j'avoue que pour ma part, j'ai trouvé ça un peu agaçant, surtout que, le livre étant en anglais à la base, on a pas vraiment des anagrammes au top avec la traduction. Passons. Son gros défaut de surdoué, c'est qu'il a un côté asocial très prononcé. En effet, il n'a qu'une seul ami et à bien du mal avec les relations, de quelque nature qu'elles soient, ce qui laisse place souvent à des situations plutôt cocasses. Ce qui m'a le plus gênée au départ, c'est le côté "garçon dans sa bulle", on sent bien que Colin est dans son monde, très auto-centré, et ça ne s'améliore pas tout de suite dans le roman, il est vraiment égocentrique, ne pense qu'à lui et à ses malheurs, principalement celui de n'être qu'un surdoué et pas un génie, autrement dit de ne faire que retenir et débiter des tas de choses mais d'être incapable de réellement les comprendre et d'en inventer de nouvelles. En gros, les trois quarts du temps, on pourrait le trouver ennuyeux voir inintéressant. Heureusement, il y a le quart restant ! Mais j'avoue que j'ai trouvé l'idée de base de prendre un surdoué pour personnage principal à la fois risquée et originale.

Ce qui découle aussi de son côté surdoué, ce sont ses obsessions. J'ai cité celle des anagrammes, passons maintenant à celle qui a donné son titre au roman : les Katherine. Qu'est-ce donc que ce phénomène des Katherine ? Eh bien, en fait, Colin est sorti avec 19 filles et toutes, sans exception, s'appelaient Katherine, pas Catherine, ni Kathy, ni Cat, mais bien Katherine. Il ne sort qu'avec des filles qui portent ce prénom. Obssesionnel ? Je vous l'avais dit ! le plus drôle dans l'affaire, c'est qu'on se demande : 1/ mais pourquoi s'est-il obstiné dans ce choix alors qu'il a bien vu que ça ne fonctionnait pas ? 2/ pourquoi juste les Katherine ? Pourquoi pas Julie, Amy ou Beth, par exemple ? Il est obnubilé par l'image qu'il a de sa toute première petite copine prénommée Katherine qui représente une sorte de perfection - il l'appelle tout de même Katherine La Grande - qu'il essaie de retrouver avec chacune des suivantes. Je me suis aussi demandé, comment un looser pareil - c'est pas moi qui le dis, hein, c'est lui !- a réussi à sortir avec 19 filles ? Bon là, la réponse n'est pas vraiment donné, le mystère reste entier, à vous de choisir l'option qui vous convient le mieux. Et le plus étrange dans l'affaire c'est qu'il s'est fait larguer à chaque fois !

Et c'est là que début notre roman, par le dix-neuvième larguage en date par une Katherine. Notre héros est effondré de chagrin sur son lit, en proie au désespoir le plus féroce et ne sait plus que faire pour oublier K-XIX (Katherine n°19). Bien sûr, sa tristesse est palpable, même si je l'ai trouvé légèrement exagérée, ce qui me la rendue moins "proche", j'ai eu du mal à vraiment plaindre Colin - je sais, pas bien ça ! -, j'ai d'ailleurs souvent trouvé que ses sentiments envers K-XIX partaient un peu trop dans l'emphase, mais c'est sans doute un détail ... Donc je disais, rude furent la chute et la déconvenue pour Colin. Heureusement, une tempête libanaise a surgit dans sa chambre pour le tirer de sa torpeur. Oui, oui, vous avez bien lu ! Et par là, je parle de son meilleur ami, Hassan, un être doté d'une nonchalance et d'un optimisme à toute épreuve qui entre dans un contraste saisissant avec Colin. On dit souvent que les opposés s'attirent, j'avoue qu'ici, ce dicton est tout à fait bien mis en image. Il n'y a pas plus différents que ces deux-là, l'un est à moitié juif, l'autre musulman, l'un ne rêve que d'université, l'autre préfère éviter le sujet et passer sa vie sur son canapé à regarder son émission de télé préférée, l'un se prend trop la tête, l'autre préfère profiter de la vie.



Et c'est donc une tornade de bonne humeur qui est venue réveillé un peu ce roman et sortir le lecteur de la légère torpeur des premières pages. J'avoue que le personnage d'Hassan est de loin mon préféré du roman, il y ajoute une dose de bonne humeur et d'empathie incroyable. Il colore le texte d'une manière éclatante, c'est lui qui relève l'ensemble et nous le rend moins "fade". Un personnage essentiel, haut en couleurs, qui n'a eu de cesse de me surprendre tout au long du roman. A la fois jovial, sérieux quand il le faut, loyal, inventif, il a des répliques qui sont un régal - notamment ses "pas intéressant" - et il distille dès sa première apparition des bouffés de rire incontrôlables et réjouissantes dans le récit, de quoi le rendre on ne peut plus vivant ! Vous allez, j'en suis sûre, vous aussi être séduit par ce personnage hors normes - dans tous les sens du terme - et tellement attachant ! le meilleur ami idéal en somme ! Et il fait vraiment tout pour aider Colin à garder les pieds sur Terre et à se comporte non pas comme un extra-terrestre mais justement comme un être humain. Il est d'une infinie patience avec lui et on sent bien percé à certains moments toute l'affection qu'il lui porte. Comme je le disais, un meilleur ami comme ça, j'en veux un moi aussi !

Hassan va chambouler la vie de Colin en l'obligeant à arrêter de se morfondre en partant pour une virée en voiture durant l'été. Une solution apparemment courante pour oublier les chagrins d'amour aux États-Unis. Bref. Tous deux partent donc en voiture. Là, je m'attendais à un road trip palpitant semé d'étapes, de rencontres du troisième type, de musique et d'une bonne dose d'humour, autant vous dire qu'il n'y a rien de tout ça. En gros, ce voyage se résume en deux pages et se lit un peu comme ça "je roule, je dors, je roule". On a connu mieux. Pour une fois, ce qui compte ce n'est pas le voyage mais sa destination, à savoir la tombe de François-Ferdinand. Eh oui, en plein milieu d'un trou perdu, Gutshot, nos deux amis vont débarquer sur un territoire qui leur réserve bien des surprises. A Gutshot, ils vont découvrir un manoir rose et ses deux habitantes, une usine de tampons, des ancêtres à la langue bien pendue, des cochons sauvages et encore bien d'autres choses. Comment résister à de tels attraits et ne pas s'arrêter ? Impossible me direz-vous ! Mais c'est surtout là que Colin aura la révélation. Oui, il lui est possible de créer une formule mathématique qui lui indiquera quand aura lieu sa prochaine rupture avec une Katherine et il sera ainsi capable d'appliquer cette formule à toute relation amoureuse. Voilà une idée de génie ! En principe ...

Car ce que Colin n'avait pas prévu, c'est l'arrivée au milieu de ses réflexions d'une jeune fille qui ne s'appelle pas Katherine mais Lindsey Lee Wells. Ah, là-dessus, je ne vous en dis pas plus, de toute façon, on se doute dès le départ de comment ça va finir - mais tout n'est jamais aussi simple, pas vrai ? -, en tout cas, il va apprendre beaucoup de choses à grâce à elle ! Cette sorte d'apprentissage que va vivre Colin à Gutshot va permettre au personnage de prendre de l'ampleur, de l'assurance, de se révéler véritablement. C'est quand il a commencé à se poser à des questions au contact de Lindsey qu'il m'est apparut sous un nouveau jour et que j'ai vraiment pris plaisir à suivre ses aventures et à "faire sa connaissance". Quel bonheur de voir évoluer un personnage que l'on trouve un peu coincé et qui finit par se laisser voir tel qu'il est réellement. Dans cette ville, il va trouver l'amitié, l'amour, les souvenirs, les histoires, il va comprendre beaucoup de choses sur la vie en général, les relations en particulier. J'ai trouvé tous ces moments touchants, plein d'émotions. Découvrir ainsi à nouveau qu'il faut avant tout regarder au-delà des apparences, que cela nous apporte toujours des choses positives, voilà une belle leçon de vie. Et ce roman en est une à lui tout seul. Sur beaucoup de points d'ailleurs. C'est un roman qui nous amène à réfléchir, à penser mais qui surtout apporte une petite touche d'humour et d'espoir dans un univers qui, au départ, est plongée dans la tristesse.

Pour conclure je dirais que ce roman à su me convaincre par son charme décalé, par ses choix risqués de personnages, par son écriture simple mais belles - il y a quelques phrases qui feraient de très belles citations -, par son côté philosophe, par cette virée en bagnole qui a tout d'un voyage initiatique, d'un rite de passage vers l'âge adulte et justement par cette idée qu'il faut bien grandir un jour. Un roman tout en douceur qui saura vous toucher, avec lui vous allez pleurer, vous allez rire, vous allez rêver, il vous promet un très bon moment de lecture si vous vous laissez aller à tourner ses pages ...
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