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Critique de Sharon


Une seconde de trop n'est pas un roman facile à lire. Ce n'est pas un roman policier au sens traditionnel du terme, même s'il comporte une enquête, c'est un roman d'une apparence paisible, presque ordinaire qui s'appuie sur une psychologie fouillée des personnages.
Le point de départ est un fait simple, banal, comme il pourrait arriver à n'importe qui. Un moment d'inattention un peu plus poussé – un moment, entendons-nous, pas un très vaste temps. Lisa est mère de trois enfants, sa fille aînée poursuit ses études, ses deux autres enfants sont plus jeunes, ils forment une famille recomposée assez harmonieuse. Une matinée comme les autres, une visite au parc, quelques écorchures, une partie de cache-cache avant de rentrer – parce que Lisa ne va pas refuser quelque chose de si simple à sa petite fille au caractère déjà si affirmée – Lisa ne bride pas sa fille sous prétexte qu'elle est une fille, et je trouve que c'est très bien. Seulement, au bout de ses quelques minutes, Ella est introuvable, et même si elle est très douée pour trouver des cachettes, non, elle ne resterait pas cachée volontairement si longtemps : elle a disparu.
Les émotions, les sentiments que ressent Lisa, le lecteur les ressent avec elle, partagé que l'on est entre la volonté de ne pas céder à la panique, et celle d'envisager le pire – parce que Lisa connaît son enfant, parce que le danger vient dans des lieux connus, par des personnes qui semblent sans histoire. Nous voyons aussi les réactions des proches, entre ceux qui restent optimistes, parce que c'est dans leur caractère, et ceux qui veulent faire bouger les choses vite et bien. Puis vient la police – forcément. Leur présence n'alourdit pas le récit parce que l'auteur préfère montrer la mise en action des procédures, qui se déploient en cercle concentrique au fur et à mesure que le temps passe, plutôt que de nous décrire stérilement quelles mesures sont utilisées au Royaume-Uni pour retrouver un enfant disparu.
Lisa est une mère moderne, mère jeune et célibataire pour sa première fille, mère plus âgée, en couple pour ces deux plus jeunes enfants, elle est une mère intranquille qui est prête à se remettre en cause. A elle s'oppose une autre femme dont on entend la voix. Je ne la qualifierai pas de mère classique, non, je la qualifierai de traditionnaliste. Elle sait exactement tout ce dont un enfant a besoin physiquement. Elle maîtrise toutes les procédures de soin, de lavage et de désinfection – quasiment d'une autre époque. Elle sait également comment élever un enfant pour qu'il n'en vienne à ne jamais déranger un adulte. Bref, pour tout ce qui concerne ses besoins affectifs et son développement personnel, vous devrez vous adresser à une autre personne. Petit à petit, nous comprenons pourquoi cette autre voix s'élève, ce qui ne veut pas dire que le lecteur s'en trouve rassuré pour autant.
Une troisième voix, surgie du passé, s'entrelace avec les deux précédentes. Voix masculine, voix sensible, celle d'un tout jeune homme tiraillé entre sa femme et la jeune fille qu'il aime. Matthew parle par le biais de son journal intime. L'on comprend assez vite le lien avec l'une des deux mères, et il est intéressant de la voir par ses yeux à lui, tout comme nous le découvrons par ses yeux à elle. Cependant, en lisant le texte de cet hypersensible, l'on ne peut qu'être inquiet : la vie n'est pas tendre pour ceux qu'un rien écorche.
Rien qu'une seconde n'est pas un livre de tout repos. Mais, contrairement à beaucoup d'autres livres qui nous parlent d'enlèvement d'enfants, il ne montre pas une famille qui a quelque chose à cacher, qui gênerait l'enquête, il montre une famille, des familles qui menaient des vies ordinaires, et qui ont été confrontés à ce qui ne devraient pas survenir.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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