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Critique de mfgaultier


Triburbia est le premier roman de Karl Taro Greenfeld, roman plutôt réussi pour un coup d'essai. L'auteur met en scène toute une galerie de personnages résidant à Tribeca, quartier prisé de Manhattan où affluent les bobos américains et autres jeunes gens fortunés. La plupart des personnages ont des enfants qui fréquentent la même école élémentaire, prétexte de l'auteur pour assembler les fils de cette fiction. Ainsi, ils se retrouvent le matin pour partager un café : « les pères à la trentaine bien entamée, qui travaillent dans divers domaines artistiques. Il y a le sculpteur, l'auteur dramatique, le producteur de films, le mémorialiste, le photographe, même l' « entrepreneur » – notre truand local -, la plupart s'affichant artistes, en réalité hommes d'affaires ».
Tous ces personnages sont identifiés dans l'espace du roman par leur numéro de rue ainsi que leur métier ou occupation. Chaque chapitre porte un numéro de rue comme titre. Huit hommes sont ainsi présentés dès le départ, ainsi que tous les lieux que nous pouvons visualiser sur un plan du quartier. En découvrant cette proposition, j'ai pensé que l'auteur allait jouer avec ces données, un peu comme la vie mode d'emploi de Pérec. Petite déception pour moi, pas de logique dans la construction du roman : treize chapitres au total, dans lesquels les lieux ne figurent pas vraiment en tant qu'éléments décisifs, en tout cas pas autant que les personnages. Peut-être l'éditeur a souhaité publier cette sorte de cadrage établi par l'auteur ? le seul intérêt de cette présentation étant de savoir tout de suite quel personnage s'exprime. Et si certains chapitres peuvent être lus comme des petites nouvelles, indépendantes les unes des autres, ils sont tout de même reliés les uns aux autres ce qui permet de découvrir différents points de vue sur les mêmes évènements.
En observant l'ensemble avec un peu de recul, Karl Taro Greenfeld a choisi une famille comme pivot du roman car presque tous ses membres vont s'exprimer : Mark l'ingénieur du son, Brooke sa femme qui travaille dans la presse et leur fille aînée, Cooper, huit ans, qui exerce une forte emprise sur ses camarades (cf le chapitre 7). Autour de cette famille, gravitent d'autres personnages, un photographe de mode (dont l'adolescence est décrite dans le chapitre deux, à mon sens un des meilleurs), un dramaturge à l'appétit d'ogre (étonnant personnage !), un journaliste ayant falsifié ses mémoires, un marionnettiste reconverti dans la réparation des vélos, un cuisinier chef d'entreprise et même un gangster juif… Parfois, ce sont les femmes de ces hommes qui s'expriment, telle Beatrice, cette française mariée au cuisinier, en instance de séparation dans le chapitre huit.
Ce roman, qui nous parle de l'Amérique d'aujourd'hui, a presque vocation sociologique. Evoquer un quartier huppé de New York par ses quelques habitants, c'est aborder l'état de la société par différents aspects : l'économie (le marché immobilier du quartier), l'éducation (à travers les enfants), la culture. Tous ces personnages ont des histoires singulières, des manies (pas mal de drogue dans l'ensemble), des métiers ou occupations, des amis. Et le tout forme une observation plutôt fine, souvent caustique, sur la société américaine actuelle, tout en demeurant une oeuvre de fiction très agréable à lire. Au final, un très bon premier roman.
Le livre en tant que tel est très soigné (beau papier, belle composition de couverture avec rabats de chaque côté qui peut faire office de marque page) bref un bel objet que j'ai pris plaisir à lire.
Lien : http://attrape-livres.over-b..
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