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Critique de Laureneb


L'intrigue repose sur un épisode peu présenté dans les récits de la guerre de Troie : Pâris n'aurait enlevé qu'un fantôme, tandis que la véritable Hélène, son corps et son âme, étaient déposés par Junon, déesse du mariage et des liens consacrés, en sûreté sur une terre étrangère, pour qu'elle soit préservée pour son époux. Cet épisode est surprenant, et inhabituel : Hélène incarne la séduction, le désir et la passion, pas le mariage.
Lors de ma lecture, j'ai donc eu envie de vérifier plusieurs fois l'auteur, n'étant plus vraiment sûre de vraiment lire une pièce d'Euripide, de l'Antiquité grecque donc, de la Grèce classique. Cela est dû à la personnalité d'Hélène, à son caractère : pour moi, une femme insistant autant sur sa vertu, sur l'importance de sa vertu qu'elle doit conserver intacte pour son époux, renvoie davantage à une catholique du XVII ème siècle soucieuse du péché et de l'adultère qu'à une Grecque. de plus, Hélène semble si soucieuse de son propre honneur, de sa renommée, de son nom – pensant plus à elle qu'à Ménélas, que je croyais écouter discourir un personnage de Racine.
Mais ce n'est pas non uniquement cela, dans la mesure où j'ai parfois eu l'impression de lire une pièce comique. Je n'irai pas jusqu'à dire du théâtre de boulevard, mais du marivaudage au moins : il y a des travestissements, des manipulations, de feintes... Hélène manipule tout le monde, son époux, son prétendant... à tel point que je me suis demandée si elle aimait vraiment son mari : après tout, elle ne l'a pas vu depuis dix-sept ans, et il apparaît comme une figure plutôt ridicule. Dans l'Odyssée, c'est Pénélope la figure patiente de l'amour conjugal, pas Hélène. Au contraire, celle-ci pourrait se rapprocher d'Ulysse, puisqu'elle utilise la ruse pour parvenir à ses fins, les charmes de sa parole mensongère pour convaincre les autres. La ruse de la barque utilisée pour fuir apparaît ainsi comme un Cheval de Troie inversé.
Si cette pièce a pu séduire le public athénien ravi de retrouver des allusions à l'Iliade et l'Odyssée, avec une lecture plus moderne je lui reproche des personnages plutôt caricaturaux, et un manque de clarté sur le genre de la pièce : faut-il pleurer ou faut-il rire ? J'ai cependant apprécié la force du personnage d'Hélène, qui domine tous les autres.
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