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Critique de Arakasi


Camille, jeune éditrice de 30 ans, broie de noir depuis la mort de sa mère, quelques semaines plus tôt. Pour ne rien arranger, elle s'est également découverte enceinte d'un bébé de deux mois dont elle ne sait que faire et encore moins comment l'annoncer au père, simple aventure d'un soir qui ne risque guère d'apprécier la nouvelle. Un événement curieux vient la tirer de son marasme : parmi les nombreuses lettres de condoléance reçues cette semaine, l'une sort du lot. Ecrite par un inconnu nommé Louis, elle ne présente ni regret, ni démonstration de sympathie, mais relate une suite de faits s'étant déroulés pendant la deuxième guerre mondiale dans une petite ville de campagne.

Pensant d'abord avoir à faire à une ruse fantaisiste d'un écrivain en mal de publication, Camille ne prête guère d'attention à l'incident, jusqu'à qu'une deuxième lettre n'arrive la semaine suivante. Puis la suivante. Et encore la suivante. Infatigable, le mystérieux Louis continue à lui écrire chaque mardi et, à travers ses lettres, Camille découvre petit à petit une histoire des plus sordide : adultère, vol d'enfant, manipulation psychologique, chantage, mensonges se superposant à d'autres mensonges… Une histoire d'autant plus inquiétante qu'elle semble d'une façon ou d'une autre liée au passé familial de la jeune femme et particulièrement à sa mère si brutalement décédée.

Toute vérité est-elle vraiment bonne à savoir ? A la lecture du « Confident », on finirait presque par en douter. Si le cadre de l'histoire – la deuxième guerre mondiale et l'Occupation en France – n'a rien d'anodin ou d'innocent, « le Confident » n'est pas pour autant un récit de guerre dans le sens conventionnel du terme. Ici, la férocité et l'inhumanité des règlements de comptes personnels n'ont rien à envier à celles de l'époque en général. Roman très intimiste, « le Confident » s'axe tout entier autour du thème ô combien difficile de la maternité : la maternité que l'on désire passionnément ou que l'on redoute jusqu'à la panique, la maternité comme source de jalousie, de haine, de souffrance, de folie, voire de crime… Construit comme un redoutable thriller psychologique, ce curieux roman épistolaire nous plonge dans un monde d'une surprenante cruauté où les perversions les plus monstrueuses prennent parfois des dehors très inattendus, les personnages pouvant s'y révéler tour à tour victimes ou bourreaux impitoyables selon les circonstances.

Habile conteuse, Hélène Grémillon a l'intelligence de ne dévoiler son récit que petit à petit, accumulant ellipses et semi-vérités pour mieux accrocher et surprendre son lecteur. A saluer aussi son style simple et précis qui, sans être vraiment remarquable, parvient à donner un frappant accent de vérité aux témoignages entrelacés qui constituent la narration. Si j'avais un petit bémol à ajouter, ce serait sur la toute fin du récit que je n'ai pas trouvé tout à fait convaincante. Mais ne soyons pas trop bégueule non plus : tel quel, « le Confident » reste un premier roman très réussi et traitant avec délicatesse de thématiques périlleuses. Une belle découverte !
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