AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de EvlyneLeraut


Ce récit est du papier de soie. Délicate, raffinée, la lecture est une nage dans un lac de haute montagne. Régénérant, il faut se laisser emporter dans le profond du texte et attendre l'inaugurale offrande d'un incipit qui ouvre la voie d'une lecture aérienne. « Quand Françoise était petite, son frère s'est fait mordre par un renard enragé. » Françoise va s'échapper de ce drame qui lui colle à la peau. En agissant à contre-courant en cherchant l'issue de secours. Inconsciemment, elle va faire un pas de côté. Salvateur, ce dernier se murmure en fuite du conventionnel. Françoise va grimper sur les toits métaphoriques. « La première chose que Françoise a volée, c'est le peigne de sa grand-mère. Personne ne s'en est jamais rendu compte, alors elle a recommencé et elle a volé autre chose. » Françoise n'est pas délinquante. L'histoire n'est absolument pas dans cette contrée. Plutôt dans le versant de la lumière. Ses parents semblent le matin clair, cette montée en puissance d'une tolérance pour cette jeune fille qui se cherche. Elle lit un reportage qui va être le détonateur. le fil rouge des jours qui vont tourner à vive allure à l'instar des pages de « Françoise en dernier » Elle va partir. Non pas fuguer. La porte est entrouverte. Ses parents savent le roc sur lequel leur fille est assise. La détermination d'un départ fusionnant avec un but à atteindre pour le meilleur ou pour le pire. Et là, le beau est une révérence. Françoise s'éloigne et les images d'Helen Klaben et Ralph Flores vont hanter ses jours. Suite à un accident d'avion, ces derniers sont restés 49 jours, seuls, dans la forêt du Yukon. Tels des Robinsons, blessés, ils ont survécu à la folie du désespoir et de faim et soif. « Elle est partie à la rencontre d'Helen dans les jours qui ont suivi. Sans écrire de mot, sans laisser de message. Elle se faisait pleinement confiance, elle pensait que rien n'était à son épreuve et elle avait le sentiment que ses parents le pensaient aussi. » Françoise veut comprendre. Cet évènement la hante, la heurte. Il devient magnétique, nécessaire pour elle. A l'instar d'un appel d'air, d'une raison existentialiste. Une initiation vitale pour enfin trouver sa voie. Les épreuves sont mentales. Certaines sont éprouvantes. L'écriture de Daniel Grenier est le signal au bout de la nuit. Attachante, douée, elle ne cède rien et relève en délicatesse vêtue le front de Françoise. Ici, nous sommes conviés au regard des rencontres riches, formidables, fraternelles. Parfois, pas. L'alliage est subtil, calme. Ce récit est un labyrinthe du coeur. le renard est une parabole. Piégeant, mais qui pousse Françoise dans le dos. « Ici, chaque jour elle le constatait, tout était à inventer et à réinventer. Ici, on pouvait se rêver soi-même, on savait que ce qui existait à l'intérieur de nous pouvait un jour sortir et nous illuminer, jusqu'à ce que les autres soient quasiment aveuglés de beauté. » Ce qui est tremblant et bouleversant dans ce grand livre est cette quête. Cette certitude d'atteindre sa propre réalité. Tout se passe dans cet espace-temps. Entre Françoise qui se métamorphose tel « le Phénix » qui renaît de ses cendres, et l'affrontement entre les turbulences d'un accident d'avion, cruelles sensations de mise en abîme. Laisser ce fluide atteindre la rive subrepticement. le regain est là. Publié par les majeures Editions « le Quartanier » A noter une magnifique photo (Pink Tree) en première de couverture de Justine Kurland.
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}