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Critique de Papyrusdunil


La Chine vue de l'intérieur à travers le destin de Tian Kewei, un enfant de la révolution au destin particulier...

C'est avec un grand plaisir que je me suis laissé embarquer dans ce voyage au coeur de la Chine rurale et féodale de la fin des années 40, dans cette région du Sichuan où la tradition millénaire conditionne depuis toujours les rapports humains et sociaux, pour y découvrir sous la plume experte et poétique de Paul Greveillac, les membres de la famille Tian.
On y fait rapidement la connaissance de Tian Kewei, le fils unique d'un couple de "paysans riches" né en octobre 1950, juste un an après la République Populaire. Bientôt, la Chine millénaire et immobile va se mettre en mouvement, trembler de ses premiers soubresauts révolutionnaires et la vie quotidienne de notre petite famille va s'en trouver bouleversée... Bientôt, la collectivisation des terres, la suspicion, les dénonciations, la famine, l'autocritique instaurée en système, la "justice" populaire et ses dérives, la mort souvent prévisible et inévitable vont faire leur apparition dans le petit village de Kewei, que son père a tout de même réussi à initier en secret à l'art.
Dès lors, l'âme d'artiste de Tian Kewei, héritée d'un père qu'il devra même aller jusqu'à renier, va guider son destin. Traversant les péripéties de la révolution culturelle, l'enfant va connaître la famine, la misère, la peur, la soumission, la séparation, la solitude puis la chance d'être distingué, Pékin, les fonctionnaires influents qui peuvent d'un trait de crayon vous propulser ou au contraire vous effacer. Ce roman nous emmène dans les coulisses de ce que fut la Chine de Mao Sedong, le dogme du Petit Livre Rouge et les aléas des luttes de pouvoir qui bousculent sans cesse la vie des hommes et bien sûr en particulier celle de Tian Kewei qui essaie de se faire une place dans le monde des arts et de la propagande d'Etat. Nous y suivons le cours de sa vie, son mariage, la naissance de son fils avec lequel le lien est à la fois fort et ténu...
Parfois légèrement indigeste en raison de la complexité des descriptions "politiques", de l'entrée en grâce ou en disgrâce des protagonistes, j'ai parfois trouvé quelques longueurs et confesse avoir lu en diagonale quelques chapitres du derniers tiers. J'aurais également aimé une fin plus fouillée plus proche des personnages que l'on a suivi au cours du roman.
Cependant, ce roman foisonnant, complexe, touffu m'a tenu en haleine et m'a permis une plongée en apnée dans cette Chine des années 50 à 80, au travers de la plume remarquable de Paul Greveillac un auteur dont j'ai aimé les tournures poétiques (au point que je l'ai pensé d'origine asiatique), les ellipses, le lyrisme. Sans aucun doute, un roman qui mérite, malgré les quelques bémol cités plus haut, une place de choix au sein de cette rentrée littéraire 2018!
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